J'y suis allé 3 fois, 3 voyages pendant lesquels je n'ai passé que 3 jours à l'hôtel, les 3 premiers jours du premier voyage. De plus, tous les cubains, principalement des musiciens, que j'ai rencontré dans les 2 pays où j'ai vécu jusqu'à présent (Suisse et Suède) m'ont tous dit la même chose :
"A Cuba on est pauvre. Mais nous sommes plus heureux que vous car nous sommes solidaires les uns des autres."
Et ils sont tous retournés habiter à Cuba sans y avoir été forcé alors qu'ils auraient pu continuer leur carrière ici.
Quand aux cubains chez eux, j'en ait rencontré beaucoup dans l'Île, des gens de toutes conditions. Un commissaire de police à la retraite, les loubards du quartier spécialistes des petites arnaques au bagout, le directeur de l'entreprise qui loue les voitures pour les touristes (un taxi pour la journée coûte moins cher), une fille de musicien qui arrondit son salaire en cuisinant pour les touristes, des anciens de l'Angola, tous très fier d'avoir renvoyés les racistes du régime de Prétoria chez eux et d'être reparti en emportant que leurs morts, un mécano capable de fabriquer en quelques minutes des coupelles de frein à partir d'un morceau de caoutchouc, il habite dans une maison coloniale du 16ème siècle où il y a même encore le lustre en cristal d'époque dans le salon. Je n'aurais même pas les moyens de me payer un lustre comme ça.
J'ai aussi vu un petit village de pêcheurs d'une vingtaine d'habitations modestes dans lequel il y a non seulement un dispensaire médical mais aussi une université populaire. Dans un petit village de montagne, il y avait en plus un local commun pour faire toutes sortes d'activités comme regarder la télé, discuter (les cubains adorent palabrer et commenter tous les événements possibles et imaginables) ou des banquets d'anniversaires.
Dans leur immense majorité, même les cubains qui ont eu maille à partir avec le régime (il se passe des histoires tristes partout, même en Suisse) le soutiennent car ils savent que le système cubain actuel est leur seule garantie de rester un pays indépendant. C'est aux USA à montrer l'exemple et à abandonner leur politique belliqueuse, pas à Cuba à se laisser manger tout cru.
Certains jeunes sont attirés par les sirènes du capitalisme, mais dés qu'ils se marient, ils savent que leurs enfants auront bien plus de possibilités de faire de bonnes études à Cuba qu'ailleurs, et ce dans quelque domaine que ce soit (plus de 50% de la population a une formation universitaire - 50 % du budget de Cuba pour 2012 (des milliards) est dévolu à la santé, au social et à l'éducation).
J'ai mis cette intro car il me semblait important de présenter la réalité de Cuba comme je l'ai vécue et comme de nombreuses lectures m'ont permis de l'appréhender et de la comprendre. Je ne dis pas que le système cubain est parfait, ni qu'il doit être exporté chez nous, simplement que ses accomplissements sont remarquables compte tenu du contexte cubain qui est celui d'un petit pays pauvre en lutte contre un blocus illégal et cinquantenaire, blocus organisé par le pays le plus puissant de l'histoire. Je dis aussi que compte tenu de ses accomplissements, nous devrions l'étudier attentivement afin de voir s'il n'y aurait pas des choses dont nous pourrions nous inspirer. Après tout, c'est chez nous que les inégalités explosent et que certaines personnes gagnent plus en une journée que nous en toute une vie.
De plus, il est tout simplement impossible que Cuba soit à la fois une dictature et un état où les transsexuelles puissent participer à l'élaboration de la législation qui les concerne. La deuxième affirmation est un fait, la première affirmation est donc une assertion sans autre fondement que les délires de la mafia de Miami et les officines payées par les USA pour relayer cette propagande mensongère.
Ou alors il faudrait que Cuba soit la dictature des transsexuelles, mais cela se saurait. Ce qui ne se sait pas par contre, c'est que les autres catégories de la population sont aussi invitées à participer à l'élaboration de la législation qui les concerne. Par exemple, ce qui fut plébiscité lors du dernier congrès du PC cubain l'année passée, un programme ambitieux de réformes, est le résultat d'une large consultation de toutes les couches de la population cubaine, consultation qui durât plus d'une année et pendant laquelle chacun peut faire des propositions, propositions qui furent toutes discutées. Mais cela, aucun de nos médias ne nous le dit.
C'est d'autant plus impossible que Cuba soit une dictaure car l'histoire de Cuba du début de sa colonisation à la révolution de 1959 est l'histoire d'un peuple en lutte pour se libérer de la dictature coloniale. Il est donc impensable qu'une dictature puisse s'y établir aujourd'hui sans qu'elle ne soit combattue de l'intérieur. Or, même le département d'état US reconnaît que les dissidents, payés par les USA, n'ont aucun crédit auprès de la population cubaine. Ce crédit est tellement faible que la police cubaine doit protéger les femmes en blanc cubaines pour que la population ne les prennent pas à parti quand elles manifestent. Cela aussi, nos médias ne le disent pas, pas plus qu'ils ne nous disent à quel point les authentiques dames en blanc, celles des Mères de la Place de Mai en Argentine, condamnent les dames en blanc cubaines:
Citation :
« Tout d’abord, laissez-moi vous dire que la Plaza de Mayo se trouve en Argentine et nulle part ailleurs. Notre foulard blanc symbolise la vie alors que ces femmes dont vous me parlez représentent la mort. Voila la différence la plus importante et la plus substantielle qu’il faut signaler à ces journalistes. Nous n’allons pas accepter que l’on nous compare ou qu’elles utilisent nos symboles pour nous piétiner. Nous sommes en total désaccord avec leurs propos. Ces femmes défendent le terrorisme des États-Unis. Elle défendent le premier pays terroriste du monde, celui qui a le plus de sang sur les mains, celui qui a lancé le plus de bombes, celui qui a envahi le plus de pays, celui qui a imposé les plus fortes sanctions économiques contre les autres. Nous sommes en train de parler de la nation qui est responsable des crimes d’Hiroshima et Nagasaki. Ces femmes ne se rendent pas compte que la lutte des Mères de la Plaza de Mayo symbolise l’amour que nous portons pour nos enfants disparus, assassinés par les tyrans imposés par les États-Unis. Notre combat représente la Révolution, celle que nos fils et nos filles avaient voulu mettre en œuvre. Leur lutte est différente car elles défendent la politique subversive des États-Unis qui n’est faite que d’oppression, de répression et de mort»
Maintenant, je sais très bien que si un exemple bien choisi ne suffit pas à convaincre un sceptique, ce ne sont pas milles exemples bien choisis qui le convaincront. Et je n'ai pas l'intention de continuer cette discussion sur la politique à Cuba ici. Pour cela, il y a le lien de l'original du texte sur le site du Grand Soir. Ce site contient de nombreux autres articles sur Cuba, notamment de nombreux textes de Salim Lamrani, le meilleur spécialiste de Cuba en France. Vous avez la possibilité de lire ces textes et de les discuter via les commentaires sur le site du Grand Soir, site qui ne mord pas. Pour info, le site du Grand Soir est tenu par un journaliste qui était anti-castriste avant d'avoir été à Cuba. J'ai eu plus de chance que lui car mes rencontres et mes lectures m'avaient permis de me faire une opinion favorable, opinion qui fut confortée au delà de mes espérances lors de mes voyages dans l'Île.
Je suis comme les cubains, j'aime bien palabrer. Malgré cela, je ne m'étendrai pas plus sur ce sujet ici.