Certes, les personnages (que des filles) gardent des traits parfois trop prononcés : l’une a des jambes trop fines, fuselées dans un jean étroit, qui supportent mal son petit ventre replet ; ces deux autres ont les seins voluptueux, que peinent à contenir des dessous aguichants, tandis qu’une autre encore est affligée d’un visage rectangulaire et d’un long nez à la géométrie similaire. Pourtant, ce ne sont pas du tout des caricatures. Plutôt des filles ni vraiment belles ni vraiment laides, ni sexy ni atroces. Mais elles cherchent à plaire et à séduire. Poses provocantes ou effrontées, tenue affriolante, gestes coquets, elles laissent affleurer leur désir sur la toile.
Mais le plus beau, c’est que même si la plupart ont le regard braqué sur vous, c’est avec la peinture elle-même que les femmes tiennent cette conversation intime. Avec le fond du tableau, chargé de motifs érotiques, de corps dénudés et enchevêtrés, peint dans un camaïeu de brun ou d’ocre et qui s’avance sans ambiguïté vers le personnage du premier plan. Ces muses lubriques de l’arrière-plan, qui viennent ainsi titiller les jeunes filles du premier rang, glissant une langue près de leur entre-jambe, ou les effleurant d’un doigt, représentent sans doute la peinture des siècles passés, le XVIe siècle grivois ou le XVIIIe des fêtes galantes. A moins que ce ne soit, tapis derrière, les fantasmes inavouables des jeunes filles qui posent.
jusqu’au 21 décembre à la Gagosian Gallery, Paris VIIIe,
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