L'étrange vie sexuelle de la limace de mer au pénis jetable
Comme si sa vie sexuelle n'était pas déjà assez mouvementée, une limace de mer hermaphrodite pousse l’originalité jusqu'à se séparer de son pénis après avoir copulé. Pour mieux s’en faire pousser un nouveau et recommencer de plus belle.
«Aucun autre animal n’est connu pour copuler à plusieurs reprises à l’aide de tels pénis jetables», écrivent des chercheurs japonais dans une étude consacrée à l'étrange vie sexuelle de la Chromodoris reticulata.
Le mollusque rouge et blanc n’a pas besoin de plus de 24 heures entre deux accouplements pour dérouler un «pénis juvénile» comprimé à l’intérieur de son corps, et remplacer l’ancien appendice usagé, expliquent les biologistes dans la revue Biology Letters de l’Académie des sciences britannique.
Et la limace de mer peut rééditer cet exploit au moins trois fois d’affilée, selon leurs observations. Longue comme le pouce, Chromodoris reticulata est hermaphrodite, autrement dit elle est dotée à la fois d’organes sexuels mâle et femelle. Lorsque deux limaces se reproduisent, elles assurent simultanément les deux rôles: chacune donne son sperme et reçoit en retour celui de son partenaire, qu’elle stocke pour une insémination ultérieure.
Les chercheurs ont observé la copulation de Chromodoris reticulata capturées en mer et placées en aquarium. Après chaque accouplement, d’une durée variant de quelques dizaines de secondes à quelques minutes, chaque limace se débarrassait de son pénis, un organe en forme de filament situé sur le côté de l’animal et projeté dans le vagin du partenaire.
Un examen microscopique de ces pénis jetables a mis en évidence une structure en spirale qui semble pousser pour former un pénis de remplacement, un peu à la manière d’une bobine de fil qu’on déroule. «La structure en spirale aurait besoin d'à peu près un jour pour être prête à la copulation», estime l'étude.
Les chercheurs ont également découvert que le pénis de la Chromodoris était recouvert de petites épines, orientées vers l’arrière comme sur un harpon. Cela rendrait difficile l’extraction du pénis une fois la copulation accomplie, expliquant peut-être pourquoi cet organe est détachable.
De nombreux animaux sont capables de se séparer d’une partie de leur corps - la queue chez les lézards, la peau même chez certaines souris - mais bien peu renoncent ainsi à leur pénis, soulignent les scientifiques japonais.