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Dans le sillage de l’Air Guitar, l’Air Sex, déjà ultrapopulaire aux Etats-Unis et au Japon, débarque en France.
Sur une mélodie sensuelle de Joe Cocker, un petit mec en string aux couleurs des Etats-Unis déshabille sa partenaire. Il l'embrasse, la tripote de tous ses doigts, puis la pénètre fougueusement, allongé sur le sol. Ou fait en tout cas mine de le faire car, en réalité, le bonhomme est seul et donne des coups de reins dans le vide, embrassant uniquement le rythme de la musique qui habille sa performance, réalisée sur scène devant une audience hilare. Mimer ses fantasmes en public en n'hésitant pas à verser dans la caricature graveleuse, voilà l'esprit de l'Air Sex.
Aujourd'hui, ce burlesque d'un nouveau genre fait un carton aux Etats-Unis, rassemblant des amateurs prêts à se lâcher sans sourciller. Et la France s'y met aussi : en novembre dernier, c'était même au tour de Paris d'accueillir sa première compèt du genre au cinéma le Nouveau Latina. Sept participants se sont alors exhibés sur scène sous le regard attentif de l'actrice porno Graziella Diamond et du réalisateur Gérard Kikoïne, invités pour l'occasion.
Les règles de cette nouvelle comédie sont simples : sur une musique au choix, il s'agit de simuler une activité sexuelle sans partenaire, sans se mettre à poil et sans avoir de véritable orgasme, tout en faisant montre d'une imagination sans borne.
"Ce sont des performances totales. Il faut théâtraliser le sexe au maximum et s'investir physiquement. Il faut qu'il y ait de la tension dans l'air pour faire du bon Air Sex", souligne Chris Trew, producteur des Air Sex Championships aux Etats-Unis.
Ce Texan bien barbu tourne régulièrement dans les grandes villes du pays pour des shows où le public se presse toujours plus nombreux. Et à chaque fois, celui qui se proclame "meilleur performeur d'Air Sex du monde" introduit la compétition par une séquence où il enchaîne toutes les positions du Kâma Sûtra, ambiancée par de la mauvaise soul des années 90.
Au fil de ses tournées, Chris Trew a fait émerger quelques icônes de l'Air Sex. Il y a par exemple Slut Truffle, reine de la fellation acrobatique sur une playlist de 50 Cent, ou encore Flann the Sex Machine, gros costaud en perfecto, roi de la levrette accroupi sur un tabouret et calé sur du dubstep.
A chacun de leurs passages, ceux-là reçoivent les vivats de la foule. Parce que leur simulation plutôt hyperbolique est bien rodée, mais aussi parce qu'ils savent changer de registre et surprendre. Ici, l'activité sexuelle vire parfois au cafouillage comique : les accros sont légion, entre le mec qui ne vise pas bien sa cible et la nana qui se vautre au moment de s'offrir à son partenaire.
"L'Air Sex ne doit pas ressembler à du porno lisse comme on en voit à la télé. Sur scène, tout peut arriver. Il faut qu'on puisse vivre une expérience qui nous transforme en voyeur halluciné", explique Chadwick Smith, comédien et juge occasionnel des Air Sex Championships.
Sa meilleure scène à ce jour : un type habillé en chasseur qui tombe sur un canard et qui finit par s'accoupler avec lui. "C'était ridicule, grossier à souhait mais tellement créatif ! Au final, les grognements du public se sont transformés en rires, puis en applaudissements. C'était du vrai théâtre !"
En France, le journaliste et chroniqueur David Abiker a consacré un billet au phénomène. Selon lui, "l'Air Sex pourrait à sa façon signaler la fin du sexe", comme si cela consacrait "le stade suprême du rapport abstrait que l'individu moderne peut développer avec la libido". Un discours théorique battu en brèche par Chris Trew : "L'Air Sex, c'est la mise en valeur du sexe, ça le magnifie !" Et vous, ça vous branche de monter sur scène ?
Raphaël Malkin
L'article avec vidéos