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Accident de braguette : plus fréquent qu'il n'y paraît aux urgences
San Francisco, États-Unis — Étudier les blessures du pénis liées aux accidents de braguette : ça ressemble à une blague du 1er avril. Et pourtant, il s'agit d'une étude épidémiologique très sérieuse menée aux États-Unis qui montre, contre toute attente, que 17 616 personnes se seraient présentées aux urgences des hôpitaux américains avec la « zigounette » coincée dans la braguette [1]. La fermeture à glissière serait responsable d'un cinquième de toutes les lésions péniennes vues aux urgences et serait la première cause, chez l'adulte, des lésions à cet endroit de
Pourquoi une telle étude ? D'abord, parce que cela n'avait été fait avant. Seules de petites séries étaient disponibles, et encore, essentiellement dans la population pédiatrique. Le principal auteur, le Dr Herman Singh Bagga, interne en urologie (San Francisco) explique aussi qu'il s'agit, au vu de la relative fréquence de l'accident, de donner des conseils de prévention aux utilisateurs et de mieux préparer les professionnels à faire face à ce type d'urgence.
En pratique, les auteurs se sont intéressés aux données du National Electronic Injury Surveillance System (NEISS) en rapport avec les accidents du pénis causés par des fermetures Éclair (zip), collectées auprès d'environ 100 services d'urgences aux États-Unis entre 2002 et 2010.
Sur 2695 cas de patient admis aux urgences pour cause de blessures au pénis, 523 cas l'ont été pour cause d' « accidents » de braguette. Ce qui, ramené à l'échelon national, signifie que sur 81 448 individus admis aux urgences aux États-Unis entre 2002 et 2010 pour cause de blessure au pénis, 17616 lésions pouvaient être imputées aux braguettes, soit 21,6 %.
Ramené à la seule population adulte, il s'avère que la blessure due à la braguette est la première étiologie de lésion du pénis vue aux urgences.
Chez les enfants, la braguette n'arrive qu'en deuxième position, après l'écrasement (crush injuries) du pénis lorsque l'abattant des toilettes se referme de façon impromptue. « Vous seriez surpris du nombre de petits garçons qui posent leur pénis sur la cuvette des WC » explique le Dr Bagga [2].
Heureusement, dans la très grande majorité des cas (98 %), une hospitalisation n'a pas été nécessaire. Deux patients ont néanmoins dû subir une intervention chirurgicale pour retirer la fermeture.
Parmi les données dignes d'intérêt de cet article, on retiendra que les blessures dues aux braguettes concernent majoritairement le pénis, ensuite vient le scrotum (1 %). Parité oblige, les femmes aussi peuvent être concernées, mais c'est beaucoup plus rare. Cinq cas ont été retrouvés dans l'étude dont la plupart consistait en des blessures des lèvres lors de la fermeture de la braguette. Enfin, les auteurs remarquent que ce genre d'incidents survient plus souvent chez des hommes non circoncis mais ils tiennent à préciser que la diminution du taux d'hommes circoncis — liée aux changements dans les recommandations de l'American Academy of Pediatrics — ne s'est pas accompagnée d'une augmentation du nombre de cas.
Que faire, si votre pénis ou celui de votre patient, reste coincé dans une braguette ?
« Si le pénis est coincé dans les dents de la braguette : couper le vêtement autour des dents de la fermeture Éclair suffit généralement.
Si le pénis est coincé dans le curseur de la braguette, l'idée est de commencer par faire glisser celui-ci avec ou sans lubrifiant. Si cela ne marche pas, il faut essayer de couper le curseur à l'aide d'une pince coupante ou de la tordre.
Dans le pire des cas, un geste de type "circoncision" ou une incision elliptique de la peau du pénis pourra s'avérer nécessaire » expliquent les auteurs de l'étude.
Bien sûr, pour éviter tous ces désagréments, le mieux reste la prévention, comme toujours. Pantalons à fermeture élastique ou velcro peuvent convenir aux enfants tant qu'ils n'ont pas la dextérité et l'attention nécessaire à l'utilisation d'une fermeture à glissière.
Dans un souci d'éloigner ses organes génitaux de la mâchoire redoutable du zip, la gente masculine adoptera préférentiellement des slips plutôt près du corps ou, plus simple encore, choisira des pantalons et des jeans à fermeture… boutons.
L'étude a été financée avec des fonds publics. Aucun des auteurs n'a déclaré de liens d'intérêt.
http://www.medscape.fr/dermatologie/articles/1523851/" onclick="window.open(this.href);return false; (paru le 1er avril)