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Le contrat sadomasochiste de « maître chienne » au cœur d’un procès pour dénonciation calomnieuse à Metz
Condamné après les accusations de sa partenaire de relation sadomaso puis relaxé, l’ancien pharmacien qui a tout perdu veut laver son honneur devant le tribunal de Metz (Moselle) ce mercredi.
La vengeance est un plat qui se mange froid. Et cela fait plus de dix ans que le docteur B., pharmacien de profession, attend la sienne. Ce mercredi 17 décembre, devant le tribunal correctionnel de Metz (Moselle), où est assignée son ancienne maîtresse pour dénonciation calomnieuse, il espère bien que justice lui soit enfin rendue, lui qui, par la faute de cette dernière, a tout perdu.
Pour comprendre les tenants et aboutissants de cette cocasse affaire sexuelle, il faut remonter le film à la fin des années 2010. Au centre hospitalier de Briey (Meurthe-et-Moselle), où il travaille comme chef de service de la pharmacie, le docteur B., 43 ans à l’époque, fait la connaissance d’Élodie A., 34 ans, recrutée en qualité de préparatrice. Assez vite, une relation débute entre eux, alors qu’ils sont chacun en couple.
« Fifty Shades of Grey » à l’hôpital de Briey
Le personnel de la clinique se souvient de leurs « excursions à la cave plusieurs fois dans la journée ». Entre eux deux, c’est un peu « Fifty Shades of Grey (« Cinquante nuances de Grey », l’histoire d’une romance érotique en livres puis en films) » à l’hôpital de Briey. Elle dira plus tard, interrogée par les enquêteurs : « Quand le docteur B. m’a dit qu’il allait tout m’apprendre, j’ai eu l’impression de me découvrir ». Ce que ce dernier confirme : « Elle voulait qu’on essaye toutes les positions, elle était en phase de découverte de la sexualité. »
C’est ainsi que, le 14 mars 2013, les deux amants établissent un drôle de contrat. Intitulé « contrat de maître chienne » et signé par les deux parties, sans oublier l’apposition de son tampon de chef de service de la pharmacie, ledit contrat organise leurs rapports de domination/soumission, prévoyant les obligations du « maître » et de la « chienne ».
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Entre « faire manger sa chienne au pied du maître en gamelle » et « s’occuper/masser/toucher son maître (y compris en voiture) », on peut lire que la « chienne » doit « porter la laisse » mais également « s’assurer de l’ouverture du volet de la pharmacie chaque matin ». Leurs SMS de l’époque montrent à quel point ils sont satisfaits d’avoir trouvé ce terrain d’entente : « Je trouve que le contrat couvre bien nos attentes de l’un et l’autre, on l’a bien rédigé. On devrait l’encadrer dans la chambre, lol. Ta chienne qui t’aime fort », écrit-elle.
Mais comme souvent, ces histoires extraconjugales finissent mal. Chienne de vie. Le 30 juillet 2013, le docteur B. apprend que l’hôpital de Briey a effectué un signalement au procureur de la République, demandant sa suspension en tant que fonctionnaire de l’hôpital public, à la suite de la dénonciation par Élodie A. de faits de violences et de harcèlement sexuel à leur hiérarchie.
Deux procès, une radiation et 66 000 euros de frais d’avocat
Le 13 août, elle dépose plainte contre son ex-amant pour harcèlement moral et sexuel, abus de faiblesse, violences volontaires, agressions sexuelles et viols accompagnés d’actes de barbarie. À partir de là, c’est la descente aux enfers pour le docteur B. : garde à vue, information judiciaire ouverte à son encontre, poursuites engagées par le conseil de l’ordre des médecins…
Pendant plus de dix ans, il va subir les conséquences de cette rupture douloureuse, sur fond de déception amoureuse de sa préparatrice en pharmacie, contrariée qu’il ne quitte pas sa femme pour elle, et de la machine judiciaire qui le broie littéralement. Jusqu’au retournement de situation : d’abord reconnu coupable en 2018 par le tribunal de Briey et condamné à 10 mois d’emprisonnement avec sursis — la plupart des charges ayant cependant été abandonnées —, il est finalement relaxé en mai 2021 par la cour d’appel de Nancy.
Dans la bataille, l’homme a perdu beaucoup de plumes : un divorce suivi d’une dépression, 10 kg en moins, sans parler du stress, des problèmes de sommeil, des graves atteintes à son honneur et à sa réputation professionnelle et personnelle à travers le déballage de sa vie privée et sexuelle dans de nombreux articles de presse à l’époque. Un véritable parcours du combattant judiciaire qui lui coûte plus de 66 000 euros de frais d’avocat pour l’ensemble des procédures engagées.
C’est dans ce contexte, bien décidé à retrouver son honneur, que l’ancien « maître » a assigné son ex- « pharmachienne » devant la justice pour dénonciation calomnieuse. Une audience qui promet d’avoir du mordant.
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