Dans beaucoup de saunas on trouve des endroits sombres, propices à d'anonymes caresses.
Lorsque je me suis rendu dans l'établissement que je connais le mieux, en province, j'eus le plaisir, en me faufilant dans la pénombre du labyrinthe, d'entendre les doux gémissements de plaisir d'une femme. Immédiatement attiré, je tendis mes mains dans la quasi-obscurité. Je ne craignais rien, l'établissement est ouvertement bisexuel et quelles que soient les formes sur lesquelles se poseraient mes mains, je ne pensai pas qu'elles seraient mal accueillies.
Je sentis sous ma main droite les hanches d'un homme, et sous ma main gauche le flanc moite d'une femme, allongée sur une banquette, qui tressaillait sous les assauts de son amant. Je me mis à embrasser et à lécher ces seins, ce ventre qui s'offraient à moi dans le noir. Elle m'attira à elle et, chose très rare, se mit à m'embrasser avec fougue. L'homme jouit bientôt et partit, me semble-t-il sans un mot. Je ne demandai pas mon reste et pris sa place (je me promène toujours en ces lieux avec un préservatif prêt à l'emploi). Je sentis une main vérifier que j'étais protégé, mais je ne sus pas si c'était la main de la belle ou d'un invisible compagnon.
C'était excitant de baiser cette inconnue enthousiaste. J'essayai de l'imaginer, j'avais senti qu'elle avait les cheveux mi-longs ; elle sentait bon (un délicieux mélange de parfum et de femme excitée), son corps était ferme, ses seins me semblaient menus et charmants.
J'aimerais pouvoir vous dire que je lui ai longuement fait l'amour, mais l'excitation était forte ! Lorsque ce fut fini elle se redressa et m'embrassa à nouveau. Je sentis qu'elle souriait et qu'un courant de sympathie passait entre nous... Non ne riez pas ! Il y avait quelque chose, ce n'était pas dû à ma virilité, à la façon dont je l'avais "possédée" (bien naïf celui qui croit "posséder" une telle femme !), mais quelque chose de très amical était passé entre nous, je ne vois pas d'autre mot.
D'autres hommes, dont je n'avais pas eu conscience, s'étaient rapprochés, et la pénétrèrent à leur tour... Je retombai dans l'anonymat, mais ne pus résister au plaisir de caresser encore un peu ses seins et son ventre charmant, quoique fort occupé.
Très ému par cette rencontre, je restai aux environs quelques temps. Je pensais que je pourrais la voir quand elle partirait. Et puis je me dis, pourquoi ? Dans mon esprit, c'est une jolie rousse, coiffée à la Louise Brooks. Ses hanches sont jolies, sa taille est mince. Ses seins sont petits et charmants. Elle est souriante et amicale, lascive et absolument folle de sexe. Qu'elle reste telle qu'elle est !
Je suis donc reparti, tout étonné d'éprouver des sentiments aussi romanesques suite à une rencontre aussi furtive, aussi anonyme et somme toute aussi peu romantique.
Il se trouve en fait que j'avais trouvé un peu plus que ce que j'étais venu chercher.
Les femmes sont, vraiment, extraordinaires.
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