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 Sujet du message : Bambi
MessagePosté : mer. 26 déc. 2012, 13:50 
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Elle est entrée au dico le 16 décembre dernier.
Voici un article Le Point.fr du 24/12/2012 qui parle d'elle
Citation :
Il y a 60 ans, elle débutait sur la scène d'un cabaret transformiste. Elle est devenue ensuite prof de français. Sa vie est un roman.

Lorsqu'elle rit, on a l'impression qu'elle chante, son rire est mélodieux. Bambi est rieuse, elle chante donc souvent et nous enchante de sa voix douce. Les mots qu'elle choisit sont précis, comme ses souvenirs. C'est une femme simple et élégante qui vous accueille dans son salon. La bibliothèque est ordonnée et l'on sent que ses goûts sont réfléchis. Proust voisine avec Saint-Simon et le général de Gaulle. "Proust m'a montré une autre vie, ce qu'il appelle la vraie vie", glisse-t-elle. La vie de Marie-Pierre Pruvot est plus que vraie, elle est extraordinaire.

Elle est la statue du commandeur, la référence absolue des êtres à la hauteur de leur destin. Elle force le respect par ce qu'elle représente sans en avoir totalement conscience. Elle le soupçonne peut-être, mais ne s'en glorifie pas. Les choses sont ainsi. Le temps a fait le reste. Bambi a quitté l'Algérie en garçon au début des années 50, c'est en femme qu'elle y est retournée l'été dernier, pour le tournage d'un film sur sa vie réalisé par Sébastien Lifshitz, l'heureux réalisateur des Invisibles.

Bambi, égérie des transsexuelles, incarne la liberté et la volonté de devenir ce que l'on est, une femme née par erreur dans un corps de garçon. La nature se trompe parfois. Pendant longtemps, celles qui allaient devenir des femmes devaient être aussi des invisibles. Bambi débuta chez Madame Arthur, rue des Martyrs, le 24 décembre 1953, avant de rejoindre le Carrousel où se produisait la célèbre Coccinelle. Elle chantait, dansait et faisait du strip-tease.

De 23 heures à 3 heures du matin, elle attendait son passage dans la loge avec ses coreligionnaires. Une loge où avait lieu la guerre des paillettes et des strass. "Nous aurions tué père et mère pour faire un bon mot." Les transformistes étaient à cette époque-là en marge de la société : "La police rôdait autour des cabarets et gare à nous si nous étions en jupe. Nous pouvions être verbalisées pour une attitude sur la voie publique de nature à provoquer la débauche", se remémore Bambi.

Ces temps paraissent lointains, en 2010 Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, retira la transsexualité des "affections psychiatriques de longue durée". Bambi se rappelle avec légèreté ces années de plomb où elles étaient scandaleuses sans le vouloir. "Un jour, à notre arrivée à la gare, un comité d'accueil nous attendait. Avec Coccinelle, nous allions passer quelques jours de vacances chez ma mère. Un petit garçon s'est écrié : Mais laquelle est Jean-Pierre ?" Lorsque Coccinelle fut de passage au Festival de Cannes, le journaliste François Chalais n'eut pas de mots assez blessants pour dénoncer "cet homme déguisé en femme qui portait atteinte à la morale publique".

L'appellation transsexuelle n'a plus de raison d'être pour ces garçons qui ont changé de sexe. Ils sont définitivement des femmes pour l'état civil. "Le voyage a été fait, d'une rive à l'autre, il n'y a aucune raison de revenir là-dessus", disait Coccinelle. Bambi fut pendant plus de 20 ans l'une des étoiles du Carrousel, puis elle songea à sa reconversion. "La jeunesse, c'est bien beau, mais cela ne dure pas. J'étais meneuse de revue, directrice de troupe et j'éprouvais déjà la nostalgie du succès."

À 35 ans, Bambi reprend ses études, décroche le baccalauréat, obtient une maîtrise de lettres et réussit son capes à la Sorbonne, tout en étant sur scène tous les soirs. Elle quitte le Carrousel deux jours avant de prendre son premier poste à Cherbourg en 1977. Elle finira par regagner la région parisienne et enseignera à Garges-lès-Gonesse jusqu'à sa retraite en 2001. Personne ne savait rien de son passé, sauf un collègue et ami qui, comme elle, enseignait le français. "J'ai toujours eu peur d'être démasquée. Si cela avait été le cas, j'aurais démissionné. Vous imaginez un élève disant : la prof est un travelo ?" avoue-t-elle, rétrospectivement glacée par cette idée.

Depuis une dizaine d'années, Bambi répond volontiers aux questions qu'on lui pose. Elle écrit des livres sur sa vie (1) et sur la marche du monde. On peut la croiser lors des meetings de Nicolas Dupont-Aignan qui lui a même donné une préface pour un essai qu'elle vient de publier sur le déclin de la langue française (2). "Je m'étonne beaucoup de tout ce qui est fait pour ne pas l'utiliser ou la mettre au musée."

Pour l'heure, elle regarde au loin par la fenêtre où en est la circulation sur le périphérique. Ce soir, Bambi va au théâtre du Vieux-Colombier voir La place Royale de Corneille. Le théâtre est sa passion, elle aime les grands textes et les acteurs. Modeste, elle sera sans doute étonnée d'être reconnue par un admirateur. Un soir, Christian Lacroix lui a confié : "Vous êtes magnifique." Il avait raison.

(1) "Marie, parce que c'est joli", éditions Bonobo
(2) "France, ce serait aussi un beau nom", éditions Ex-Æquo
Image

http://www.lepoint.fr/culture/les-sulfu ... 5653_3.php" onclick="window.open(this.href);return false;


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MessagePosté : mer. 19 juin 2013, 19:37 
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Pouir ceux qui ont du temps ce soir, un film sera sur certains écrans. :)
Citation :
« Bambi »

Bambi n’est pas un faon. Bambi est une dame sacrément distinguée qui, à 77 ans, se tient toujours bien droite dans ses chemisiers délicats et parle un français ciselé (« Elle m’est échue plus tard », à propos d’une armoire). Bambi est un formidable portrait signé Sébastien Lifshitz.

Si l’on précise qu’elle a 77 ans, c’est qu’elle ne les fait pas, et que son histoire est encore plus saisissante au regard de l’époque dans laquelle elle s’est inscrite. Née Jean-Pierre Pruvot le 11 novembre 1935, Bambi fait partie des pionniers, parmi les transsexuels à s’assumer comme tels. Sachant que l’affaire, dès le départ, s’annonçait très compliquée : ses parents étaient un couple de Français d’Algérie. « Mais pourquoi ne vas-tu pas jouer à la voiture à pédales, tu ne veux donc pas conduire comme ton père ? » revenait en boucle, tandis que l’enfant obèse s’obstinait à vouloir coudre ou tricoter auprès de ses mère, sœur, tante.

Elle haïssait son prénom, se serait voulue Marie-Pierre. « Bambi » est son blaze de scène. Celui qu’elle s’est choisi quand elle a intégré à Paris le Carrousel, troupe de travestis découverte telle une bouée de sauvetage quand elle vivait encore à Alger et qu’elle s’essayait en douce à vivre en fille. A la différence de Michael Jackson, ce Bambi-là est sorti de l’enfance avec un infini soulagement.

C’est de fait une constante : si Bambi a souffert, le pathos ne prend jamais les rênes du film et, bien plus que l’enfermement initial, c’est l’affranchissement et l’épanouissement qui restent en mémoire. Bambi ne fait jamais pitié, que ce soit maintenant ou sur les documents d’époque (dont des raretés qui montrent les coulisses du Carrousel, cabaret-ruche pas piqué des hannetons). A Paris, elle a mué en blonde gracile aux airs de Martine Carol, mais c’est sa force qui saisit, son côté rouleau compresseur en douceur, en fourreau et faux cils. Bambi ploie mais ne rompt pas et, fine, Bambi n’en fait qu’à sa tête très bien faite. Voir comment elle se joue de la question sensible des hormones, gaiement. « C’était une petite histoire entre nous. » Avec sa copine Capucine, et dans le sillage de la figure totémique Coccinelle, elle s’envoyait jusqu’à une boîte par jour de Distilbène. Elle est aussi as du silence, en a compris très tôt l’avantage : « La passivité peut être une force de résistance. » Quand elle marche ou conduit dans les rues d’Alger, Bambi a des airs de Sue perdue dans Manhattan, à ceci près qu’elle a manifestement toujours eu les pieds sur terre. Elle réfléchira deux ans avant de « faire l’opération », en 1958. Bambi la transgressive a par ailleurs ses propres conservatismes, insistera pour que sa mère veuve vienne vivre à ses côtés. La guerre d’Algérie a peut-être joué un rôle. Le film ne le dit pas, concentré sur la prise d’indépendance de Bambi.

Sébastien Lifshitz (la Traversée, Wild Side, les Invisibles...) a ce talent, constant, de considérer ses personnages avec bienveillance sans les materner pour autant. Une dignité réciproque en découle, qui n’empêche pas le frisson. Quand Bambi et Ute se promènent dans la forêt par exemple.

Ute, c’est le grand amour de Bambi. Qui n’en demandait pas tant. Qui en fut toute tourneboulée. Qui trouvait ça « absurde », de tomber amoureuse d’une femme alors qu’elle était enfin totalement une femme, et qu’elle avait toujours désiré les hommes. Mais la « garçonne » Ute, avec ses « yeux extraordinairement prenants, qui ne cillaient jamais », l’avait bel et bien harponnée, et Bambi en a quitté son compagnon. Ute et Bambi restent très proches, promenons-nous dans les bois...

Mais non, ça n’est pas fini, Bambi a encore rebondi, après le cabaret. Pendant, plus exactement, alors qu’elle sentait poindre la retraite des sunlights : bac décroché à 33 ans, celle qui enfant accumulait les prix d’excellence enchaîne avec une licence de lettres à la Sorbonne, puis un capes. En 1974, Marie-Pierre Pruvot est nommée prof de français à Querqueville, à côté de Cherbourg. Ce qui la réjouit : « De plus en plus, je voulais devenir madame Tout-le-Monde, entrer absolument dans l’anonymat, je savais que c’est là que je serais bien. » Seule angoisse : qu’un parent reconnaisse l’ancienne gloire du Carrousel. « Une chose me protégeait terriblement : personne, mais alors personne, n’aurait pu imaginer qu’on pouvait sortir du Carrousel et entrer aussitôt à l’Education nationale. » Elle a « adoré enseigner ». Comme elle a adoré vivre, on ajoutera.

Lors de la Berlinale 2013, Bambi a obtenu le teddy du meilleur documentaire. Un prix du cinéma LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans). Ne pas s’y fier, Bambi dépasse toutes les chapelles.
Lien de l'article avec vidéo.

Voir les villes et les dates ici: http://sebastienlifshitz.com/" onclick="window.open(this.href);return false;

_________________
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 Sujet du message : Re: Bambi
MessagePosté : jeu. 20 juin 2013, 08:24 
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Et voila l'affiche
Fichier(s) joint(s) :
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:mauve: L'ordre moral revient, ayons l'air occupé.


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