Merci aux modérateurs d'avoir déplacé cet échange aussi vite
Je ne comptais pas en parler ici, mais puisque le film "Gainsbourg (vie héroïque)" a été évoqué, je vais y aller de mon avis.
Je ne développerai pas ce que j'ai déjà dit précédemment : certains éléments sont réels (son enfance, les femmes de sa vie), mais englobé dans une vision qui est celle de l'auteur, non la réalité.
Le film mélange cinéma traditionnel et animation, j'étais d'ailleurs extrêmement sceptique sur cela. Et contre toute attente, après l'avoir vu, j'ai trouvé l'idée excellente car quel meilleur moyen de montrer la dualité de cet homme que grâce à ce stratagème ?
Le double de Lucien Ginzburg enfant, c'est sa gueule ! Gueule qui le poursuit dans les rues de Paris recouvertes d'affiches de propagande antisémite. Difficile de se fondre dans la masse pour un enfant qui avait son physique. Cette blessure d'enfance le poursuivra toute sa vie, comme une plaie suppurant et s'infectant au fil du temps (très bien rendu d'ailleurs lorsque Gainsbourg entonne la Marseillaise, poing levé, devant les paras à Strasbourg, et où à sa sortie de scène, l'enfant à l'étoile reste sur place pour continuer de chanter)
Seul moyen pour lui de surmonter cette mésestime de lui et sa peur, avoir un double qui soit son contraire absolu. C'est le récit d'une "schizophrénie" en quelque sorte, le parcours de quelqu'un qui n'a pas su être heureux parce qu'il avait peur de tout perdre (très bien résumé dans "Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve), et qui ce faisant, s'est perdu lui-même.
Après, aurait-il été aussi créatif s'il n'avait pas été aussi torturé ? On peut se poser la même question au sujet de gens comme Baudelaire, Rimbaud, Chopin, Musset ou Van Gogh ! Les artistes sont très souvent des hyper-sensibles, des écorchés-vifs, et sont très souvent dans l'excès (d'alcool, de femmes, d'abus en tous genres), et peut être que ces excès sont responsables aussi d'une grande partie de leurs productions ? Après tout, qu'est ce qui fait que quelqu'un sort du lot par la qualité de ses écrits ou de ses compositions, si ce n'est une vision qu'il a à un moment donné, réaliste ou psychédélique ?
C'est tout cela le film de Joan Sfar... et c'est aussi tout cela Lucien Ginzburg.
Bon, je serai d'accord s'il se trouve des gens pour dire que je ne suis pas objective
J'avoue... Ceci dit, la chose qui aurait pu être plus marquée dans le film, c'est un accent moins complaisant sur la fin de sa vie, sur lequel le réalisateur est passé trop brièvement, c'est là le seul reproche que j'aurais à lui faire.