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Le Rouge (ex Pigall's) (75)
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Auteur :  Caramielle [ sam. 21 avr. 2012, 22:31 ]
Sujet du message :  Le Rouge (ex Pigall's) (75)

Citation :
Les murs du Pigall's renaissent de leurs cendres Par RAPHAEL MALKIN

L'histoire d'un vieux cabaret canaille de la butte Montmartre relancé en club electro.

Les années 30 à Paris. Alors que les boulevards, les avenues et les rues des bords de Seine sont le théâtre d’un affrontement incessant entre les membres des ligues fascistes et leurs opposants d’extrême gauche, un petit recoin excentré de la capitale semble échapper à cette tension partisane.

Là-haut, sur le chemin de la colline montmartroise, la crise, le krach de 29, ça ne dit rien à personne. A Pigalle, ce sont les magouilles qui dictent le quotidien. Ce faubourg déroule une longue galerie d’hôtels de passe et de dancings louches. Parmi ces derniers, on trouve le Pigall’s.

Située au premier étage du 77 de la rue Jean-Baptiste Pigalle, voilà une immense salle tout en longueur, encadrée par deux grandes scènes et surplombée d’arcades. Comme une sorte de grand paquebot qui serait venu s’encastrer dans les murs d’un immeuble. Aussi, des colonnes et des sculptures en plâtre vernissent la salle de l’ambiance kitsch et roccoco si propre à la période de l’entre-deux-guerres. Le champagne coule à flot, les soutiens-gorge explosent, les billets sales pleuvent – les balles aussi, parfois. Ce lieu vicelard est réputé pour être l’un des repaires favoris des bien calibrés Joseph Rocca-Serra et Vincent Battestini, deux voyous corses qui tiennent le quartier.

Ce décor fumeux est remis en scènes plusieurs dizaines d’années plus tard, en 1955, quand les réalisateurs Claude Autant Lara et Jean-Pierre Melville, débarqués au Pigall’s caméra au poing, tournent certaines scènes de leurs films, Marguerite de la nuit pour le premier, Bob le flambeur pour le second. Le cabaret reprendra ensuite ses habitudes, accueillant les générations successives de caïds, de dégaines glauques et de figures fantasques. Jusqu’en 1994. Cette année-là, la clé du Pigall’s est mise sous la porte tandis qu’un gros rideau de fer s’abat sur son seuil.

Depuis, l'endroit est complètement désaffecté, en déshérence totale. Une accumulation de tags et une superposition extrême d’affichettes sur le fameux rideau de fer avaient presque fait disparaître toute trace évidente de son existence. A part les vieilles figures du quartier, personne ne semblait connaître le nom et l’histoire du cabaret. De quoi étonner certains nuiteux parisiens quand l’annonce a été faite en début d’année de l’ouverture d’un nouveau club au 77 de la rue Jean-Baptiste Pigalle, le Rouge. Le 6 février, le public noctambule découvrait donc avec surprise l’architecture de l’ancien Pigall’s, pour une soirée electro à des années lumières des barnums jazzy du siècle d’avant.

Derrière cette renaissance se cachent trois associés bien au fait des petits dessous de la nuit à Pigalle – l’un d’eux a notamment repris, l’année dernière, le Bus Palladium, autre boîte du quartier. Après avoir découvert l’existence du vieux Pigall’s, le trio a cherché a connaître son propriétaire et s’est rapidement rendu compte que l’espace appartenait à une petite dame d’un certain âge habitant juste au-dessus. Après quelques négociations, les trois larrons ont obtenu de la propriétaire une «concession exclusive» du lieu chaque vendredi et samedi. Deux jours pendant lesquels ladite propriétaire n’est pas chez elle, faut-il préciser. De quoi laisser penser que si le nouveau Rouge n’a pas été occupé pendant les dix-huit dernières années, c’est peut-être parce que la dame en question ne voulait pas être dérangée.

La rénovation était soumise à quelques contraintes. «On a refait toute la peinture et agrandit le bar tout en créant un deuxième. C’est tout ce que l’on pouvait faire : cet endroit est classé, on ne peut pas le redécorer comme on veut», explique Xavier Du Puch, l’un des trois associés.

Ouvert un peu à la va-vite – «entre la signature de la concession et la première soirée, il s’est écoulé à peine un mois» – le Rouge a du se façonner une direction artistique sur le tas. « Nous avons commencé par inviter les DJs dont nous sommes proches. Ces derniers jouent majoritairement de l’electro. Du coup, le club s’est d’abord créé une identité sur ce terrain», note Xavier du Puch. Ainsi, ces dernières semaines, se sont par exemple succédés des platinistes bien connus des réseaux tech parisiens comme Céline et Vadim Svoboda, ou encore les mixeurs fous des écuries Coton Tige et Katapult. Dans leurs foulées, le club a vu débarquer un public de teufeurs invétérés façon Berlin, petits bourgeois encanaillés et habitués du Café Berge et du Madam ou piliers déglingués du Rex. Cela dit, le club a également prêté sa scène à d’autres ambiances, celle plus hip hop de la soirée Toxic de l’ancien rappeur d’Assassin Solo ou bien pop-rock pour les aftershows des groupes Metronomy et Gossip voire complètement éclectique pour celui du duo Justice.

À ce titre, l’endroit devrait gagner encore en diversité ces prochaines semaines, assure Xavier du Puch : «On devrait organiser très rapidement des soirées performances avec des danseurs ou bien des fêtes à thèmes, gay-friendly et érotique.» Une atmosphère fantasque qui pourrait peut-être ravir les vieux nostalgiques des Années Folles. Les mitraillettes en moins.
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