Citation :
Après avoir parlé des difficultés à obtenir la vasectomie et à disposer de son corps pour les hommes, vient le moment de se dire : comment ça s’est passé? Est-ce qu’on regrette? Qu’est-ce que ça change?
Merci de vos riches réactions à mon appel à témoins, qui permettent de compléter mon premier article sur le sujet.
Pas de problème de performance
Jacques m’a indiqué que les hommes de son entourage étaient effrayés à l’idée d’une perturbation de leur mécanique :
Les hommes sont assez réticents car ils pensent que sans spermatozoïde, il n’y a pas d’éjaculation . Beaucoup de femmes me disent que ce fût courageux de ma part et que leur mari ne l’aurait pas fait, alors que c’est un confort qui améliore les rapports. Mon épouse et moi même avons étés enchantés : plus de préservatifs, plus de diaphragme ou autres produits. Des rapports sans contraintes.
Benoît a aussi tenu à me le préciser :
Juste une chose importante : il n’y a aucune séquelle et aucun problème d’érection ni de jouissance.
L’intervention : simple et rapide
Ceux qui sont passés par là décrivent une opération simple, en chirurgie ambulatoire (sortie de l’hôpital le jour même). Il peut y avoir quelques problèmes, comme par exemple pour François. Il a vécu une première tentative avortée dans une clinique privée, qui tient plus du système hospitalier que de l’intervention elle-même. Il la raconte sur son blog, et elle serait presque drôle si elle ne trahissait pas un manque de considération évident pour les patients. Très motivé, il est retourné au charbon, mais dans un hôpital public :
Il y a eu un gros bug d’anesthésie, la première incision et la coupure du canal ont été faites à vif. Malgré
une deuxième anesthésie locale, les points de couture ont été aussi faits à vif. Mais à part ça ça s’est déroulé sans problème!
Daniel a eu moins de soucis :
Pour ma part c’était une intervention simple, rapide, indolore et … efficace! Il n’y a eu besoin ni de points de suture, ni d’antalgiques, ni même d’antibiotiques. Ma partenaire ne pouvait pas croire que je sois devenu stérile malgré le spermogramme négatif quelques semaines plus tard. Rien n’avait changé sauf qu’il n’y avait plus aucun « danger’ » et que notre libido avait même augmenté.
Et la libido dans tout ça?
Tout comme Daniel, Laurent explique que ça n’a eu aucun impact négatif sur sa libido, au contraire, son couple en a profité :
Nous sommes ravis de ce choix et moi aussi personnellement, sans aucun doute. Cela a libéré notre sexualité, nous a fait retrouver une forme d’insouciance sur ce plan et franchement c’est bien !
Est-on encore un « vrai homme » quand on ne peut plus procréer?
Ceux qui ont témoigné n’ont donc pas été perturbés psychologiquement dans leur sexualité… C’est plutôt leur entourage qui l’a perçu de cette façon. C’est à dire que certains hommes ont été considérés comme amputés, ou impuissants ou pour être plus précis dévirilisés. S’ils ne pouvaient plus procréer, alors ils étaient eunuques, n’avaient plus de désirs, n’étaient plus de « vrais hommes ».
De la même façon que chez les Nuer soudanais, la femme stérile est considérée et compte comme un homme (elle peut même se marier avec une autre femme), Jean témoigne du fait que les hommes stériles n’en seraient plus:
En ce qui concerne mon entourage je dois avouer que nous avons passé des moments particuliers quand on me demandait pourquoi j’avais fait ça, si je pouvais encore faire l’amour, et pour leur faire comprendre que la vasectomie était juste une façon d’être stérile et pas impuissant. J’avoue que les hommes ont eu beaucoup de mal, pour les plus incultes je n’étais plus un homme.
Aucun de mes témoins n’a fait conserver son sperme pour pallier à toute éventualité. Si certains ont clairement affirmé que de toutes façons ils ne voulaient « pas d’autres enfants avec une autre femme », Michel l’a regretté, d’autant qu’il a eu cancer de la prostate peu après et qu’il a joué de malchance à tout point de vue :
Je n’ai pas fait faire de congélation de sperme, l’état de ma femme ne lui permettant pas une autre grossesse. J’ai mis longtemps à me remettre de l’opération, il y a eu un oedeme de sang, évacué au bout d’un mois. Ensuite j’ai eu des problèmes d’érection et de relations. Entre-temps ma femme a rencontré quelqu’un, on s’est sépares deux ans après. C’est maintenant difficile de rencontrer une femme, surtout quand elle vous dit vouloir un enfant.
D’après Family Health International, 45 millions de couples dans le monde ont eu recours à la vasectomie comme méthode de contraception, contre 150 millions à la stérilisation féminine.
C’est seulement en Chine, en République de Corée et dans quelques pays développés (l’Australie, le Canada, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les Etats-Unis) que 10 pour cent ou plus des couples ont recours à la vasectomie.
Sans aller jusqu’à offrir une pizza pour toute vasectomie, les hommes pourraient être mieux informés d’une pratique contraceptive peu onéreuse. Ils n’auraient pas, alors, à dépendre des femmes pour éviter la fécondation et ne risqueraient pas qu’on leur fasse un enfant dans le dos.
Lire aussi : Les hommes peuvent-ils se faire stériliser en France?
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