Attaché aux couleurs flamboyantes, il a peint les bordels parisiens et les prostituées. Figure de la vie mondaine, il a mis sur sa toile le Tout-Paris politique et culturel.
Fernande Olivier, 1905
Outrageusement fardée et légèrement vêtue: c'est ainsi que Kees Van Dongen (1877-1968) représente Fernande Olivier, la compagne de Picasso, dans le style caractéristique de ses années de jeunesse. L'artiste néerlandais est installé depuis 1899 à Paris, où il mène l'existence bohème de Montmartre. Le "Kropotkine du Bateau-Lavoir", comme le surnomme Picasso, publie des caricatures dans des journaux satiriques.
Dans ses toiles, l'anarchiste et amateur de bastringues et de maisons closes croque danseuses et cocottes. Sa palette explosive lui vaudra d'être étiqueté "fauve", à l'instar de ses compagnons Matisse, Vlaminck et Derain. Mais il est celui qui pousse le plus loin l'expérience chromatique. Ses couleurs, déposées en aplats, sont tellement agressives qu'elles semblent directement sorties du tube. Peintre de la femme, Van Dongen est également celui dont la réputation est la plus sulfureuse. Un nu au châle, exposé au Salon d'automne de 1913, fait à ce point scandale qu'il est décroché par la police. [] Et c'est Paul Poiret, le couturier ami des arts, qui l'introduit dans le grand monde. Le "peintre des bordels" du début du siècle sera, durant les Années folles, celui du Tout-Paris. Mannequins, starlettes et hommes politiques viennent s'encanailler dans son atelier.
[] Sur la toile, l'incendie des couleurs s'est éteint. Les rouges orangés ont laissé place à des tonalités grises et bleutées. Et les silhouettes se sont allongées, en vertu du principe qu'il faut "amincir les femmes et grossir leurs bijoux" []