Attention, carré rose ! Dans L’Inconnu du Lac, le réalisateur français Alain Guiraudie filme l’homosexualité sans pudeur. Une intrigue policière prétexte à une étude troublante de la naissance du plaisir.
Quelques voitures garées dans les bois. Entre les arbres, une vue imprenable sur un magnifique lac du Var. C’est là que quelques hommes viennent lézarder au soleil en tenue d’Adam, se zieutant avec concupiscence avant de céder à la tentation d’une baise rapide. Parmi eux, Franck, jeune célibataire qui tombe en pamoison devant Michel, un moustachu façon Tom Selleck dont il apprécie la musculature et les mensurations intimes… Seul hic ? Cet inconnu du lac, comme l’indique le titre du quatrième film d’Alain Guiraudie, est un assassin.
Trois ans après le fantaisiste Roi de l’Evasion, le cinéaste aveyronnais présente pour la première fois un film en compétition officielle. Beaucoup plus cru que ses précédents opus, cette histoire d’amour passionnel ne quitte jamais son écrin bucolique, invitation à toute sorte de pulsion. Guiraudie filme ses acteurs sans fard. Le sexe y est explicite - de la fellation à l’éjaculation - et les pénis foisonnants. Si cette surcharge phallique désoriente parfois, il se dégage de cette œuvre une atmosphère étrange, tantôt inquiétante, tantôt joyeuse.
Malgré ses apparences trompeuses, L’inconnu du lac n’est pas vraiment un film sur l’homosexualité mais une plongée troublante dans les méandres du désir. Du désir immédiat, de l’assouvissement impérieux. Une immersion à laquelle on s’adonne sans déplaisir, balloté entre le bruit de l’eau et une intrigue policière menée par un flic irrésistiblement apathique. Une agréable surprise !