Me revoici... Bon alors, "L'image" ! Il faut se replacer à l'époque où ce petit livre a été écrit, c'est à dire au beau milieu des années 50. Seule autre référence du même genre pour l'époque : "Histoire d'O". Si les deux romans, du point de vue de l'écriture sont de très bonne qualité, ils sont diamétralement opposés sur le sens de leur contenu. Pauline Réage a fait un roman où l'on assiste à un SM pur et dur, qui va explorer les limites de l'extrême pour aboutir à la destruction. Jean (ou plutôt Jeanne) de Berg elle a signé une oeuvre légère, pure, pleine d'humanité (hé oui, c'est comme cela que je l'ai perçu :clin: ) Les personnages y évoluent avec les envies, leurs pratiques, mais aussi leurs doutes et leurs faiblesses, et c'est ce qui fait tout le charme de l'histoire.
Georline, tu trouves l'écriture très masculine, mais j'ai souvenir d'une critique d'un de mes inscrits sur Abus, qui avait l'avis inverse. Il trouvait cela trop féminin et mièvre ! Comme quoi tout est toujours très subjectif !
Jeanne de Berg (ou Catherine Robbe-Grillet) est, en plus d'être une femme de lettres, une grande domina (et soumise également à son mari). Et c'est surtout l'autorité de la domina qui ressort au travers de ses mots. Et c'est là que c'est intéressant d'avoir lu les autres livres... Car si elle narre ses nombreuses "cérémonies" BDSM, elle n'occulte jamais ces mauvaises expériences (ou ses "ratés") mais au contraire les analyse, cherche pourquoi ça n'a pas fonctionné, se remet en question... Et cela, c'est quelque chose de très très rare. De cela, pas mal de dominant(e)s feraient bien d'en prendre de la graine, car reconnaître ses erreurs grandit, contrairement à ce que l'on pourrait croire.
"L'image" fait partie des livres que je relis toujours avec beaucoup d'émotion, un de ceux que je considère comme étant précieux. On ne le trouve plus que d'occasion (à moins qu'il ne soit réédité un jour...), pour un coût très modique, mais il vaut très très largement le détour.
Pour en revenir une dernière fois à l'auteur, pour ceux qui ont le dvd du film de Schroeder "Maîtresse", il comporte en bonus une très belle interview de Catherine Robbe-Grillet, à ne surtout pas rater.
Citation :
Bien bien bien... mais je ne comprends pas à quel niveau ce livre prend le parti des femmes. C'est d'une écriture limpide et sans circonvolutions inutiles, mais que diable tirer "du parti des femmes"? Elles ne peuvent prendre leur plaisir qu'en étant dominées? En fait sans cette préface, j'aurais lu ce livre, l'aurait classé comme fantasme SM masculin, mis sur une étagère et oublié. L'auteure d'histoire d'O me fait penser que je suis passé à côté d'une dimension sans la ressentir, mais ça m'étonne quand même, les femmes qui jouissent de/dans la douleur ne me semblent pas être la majorité.
Héhé... En apparence, seulement en apparence (mais à l'époque, la soumission des femmes était partout dans la société !). Quand on a compris qu'en fait Jean est Jeanne, ça donne une toute autre lecture ! Mais aurait-ce été bien perçu, c'est une toute autre histoire... En fait ce livre transgresse les codes sociaux de son époque à demi-mots, de façon voilée. Une fois que l'on a compris le code, ça devient plus clair. C'est quasiment féministe ces femmes (dominantes ou soumises) qui revendiquent leur droit au plaisir non ?