Georline a écrit :
Citation :
parler de l'œuvre de Sade est reconnaître qu'on l'a lue, ce qui en soi est une indication de ses curiosités et tous ne sont pas prêts à admettre ces lectures.
Oui, et je souhaite bien du courage à celui qui veut s'y atteler. Je viens de vérifier dans ma bibliothèque : Oeuvre complète de Sade, édition Tchou 1967 16 tomes réunis en 8 volumes, soit quelque 5 000 pages. A côté des trop connus Justine, Juliette et La Philosophie dans le Boudoir, on trouve d'excellentes petites nouvelles , comme : "Il y a place pour deux", où on voit un amant rentrant chez sa maîtresse, et la trouvant sur un autre homme. Sans se démonter, celle-ci lui dit alors qu'il y a place pour deux...et l'auteur de conclure que tous trois s'en trouvèrent bien.
Des nouvelles philosophiques aussi, prônant une morale athée, qui ne sont pas sans parenté avec des textes de Diderot.
Une correspondance, avec de beaux chefs d'oeuvre de style comme la lettre souvent citée : " L'aigle, Mademoiselle..."
Il y a aussi de soporifiques récits de voyage (il n'a pas passé tout son temps en prison!), comme ont su en faire tant d'écrivains.
Des pièces de théâtre écrites sur ses vieux jours.
Et le style? Il faut reconnaître, que le siècle était celui où l'on cultivait le beau langage, les longues phrases qui se développent, s'enroulent et se ramifient...
Mais cela ne justifie pas les côtés abjects de l'oeuvre, ni de la vie du personnage capable de toutes les duplicités, aristocrate arrogant, ou citoyen de la Section des Piques, pour terminer comme animateur culturel dans l'asile où il finit ses jours. Pour ma part, rien ne saurait faire de Sade le grand écrivain du XVIIIème siècle. Lisez plutôt Rousseau si vous penchez pour des idées écolo, Voltaire, ou Diderot, le grand Diderot, le père de l' Encyclopédie, lui était à la fois athée et réellement un théoricien des temps meilleurs.
Mais si vous voulez lire des écrivains libertins du XVIIIème, je vous conseille Louvet de Coudray,Crébillon le fils, ou bien Duclos, entre autres, sans oublier un petit bijou d'érotisme : "Point de lendemain" de Vivant Denon.