A partir de combien de verres une soirée entre amis se transforme en cauchemar ? Chaque individu a ses limites bien spécifiques.
Ce qui est au début un plaisir convivial se transforme, selon les personnes, en addiction : exemple le "petit" whisky du soir puis un second et un troisième en rentrant du travail. Parfois en dépendance, c'est le corps qui réclame : les mains qui tremblent au réveil, la seule solution pour arrêter ces tremblements est d'avaler coup sur coup 2 ou 3 verres de n'importe quoi d'alcoolisé, de préférence facile à ouvrir, car décapsuler une bière, par exemple, c'est trop dur. Avaler cette quantité nécessaire pour fonctionner avec un semblant de normalité : arriver à mettre la clé dans la serrure sans trembler pour pouvoir sortir de chez soi, signer un chèque, et plein de petites choses insoupçonnables.
Je viens donc de me remémorer ce que j'avais vécu : une relation éphémère il y a longtemps, avec un homme brillant et attachant, rencontré dans une soirée chez des amis. Il faisait des efforts pour cacher cette addiction, donc il était conscient de cette maladie. Puis, petit à petit, notre relation est devenue un cauchemar, je pensais qu'il ne fallait surtout pas que je le quitte à cause de "ça" mais au contraire que je l'aide à s'en sortir, car il semblait le vouloir. J'ai le souvenir particulièrement désagréable d'une soirée au cours de laquelle nous nous retrouvons en ville pour aller "juste" boire un verre puis aller au restaurant avant de finir la nuit chez lui. A mon arrivée, il évite mon baiser et ses lèvres effleurent mes cheveux. A l'apéritif, dans un bar non loin du restaurant réservé, des amis nous rejoignent et ses verres s'enchaînent, le temps passe, il est déjà 21 h, je m'impatiente, j'ai faim, je n'ai rien bu d'alcoolisé car je suis venue avec ma voiture. Je lui fais gentiment remarquer l'heure à cause de la réservation. "Oui, oui, bientôt" et les verres se suivent. Je me fais toute petite dans mon coin même si mon instinct me dit "barre-toi, barre-toi". Vers 23 h, il se tourne vers moi, la voix pâteuse, n'a pas faim et me propose de rentrer directement chez lui. Adieu le restau… Je propose de prendre ma voiture, il refuse, s'énerve, je tente un timide "tu te sens en état de conduire, tu ne préfères pas que ce soit moi ?" et fait suite un "pour qui tu ne prends ? tu crois que j'ai trop bu ? mais non, j'ai pas trop bu, je me sens tout à fait capable de conduire, on prend ma voiture". Ce sont dans ces circonstances que l'on prie pour tomber sur un contrôle de police, en vain, alors que c'est pourtant samedi soir dans un quartier fréquenté. Et c'est l'escalade, nous nous retrouvons dans son lit, je me dis qu'il va dormir vu le nombre impressionnant de verres ingurgités, mais non, il se penche sur moi pour m'embrasser et m'inflige une haleine fortement avinée qui sent la vieille échalote. Il bafouille, se trompe de prénom, me grimpe dessus, tente de me pénétrer mais son érection ne tient pas. Aucun désir de ma part, aucune envie, je suis sèche comme c'est pas possible, contractée par le dégoût, mais c'est le cadet de ses soucis, il s'obstine, s'énerve, se redresse d'un air mauvais, se met à genoux entre mes cuisses, plante les ongles à l'intérieur "ça va venir, c'est de ta faute, si je n'arrive pas à bander". Pour que cette séance se finisse le plus rapidement possible, je me sers de mes mains et de ma bouche pour le stimuler, au bout d'un moment qui me semble interminable, une modeste érection apparaît, il se rallonge alors sur moi, s'enfonce brutalement, ça fait mal, je n'ai toujours pas mouillé, s'agite en cadence au-dessus de mon ventre pendant un long moment. Puis il se retire avec un grognement de satisfaction, "tu vois, je te l'avais dit que ça allait venir", roule lourdement sur le côté et s'endort immédiatement la bouche ouverte avec de bruyants ronflements. Je reste longtemps dans le noir, les yeux ouverts, à l'écouter ronfler en me demandant ce que je fais là et finis par m'endormir. Je suis réveillée par des bruits dans la cuisine, il est presque 7 h du matin, je me lève et le rejoins, ses mains tremblent, il est en train d'essayer vainement d'ôter l'opercule d'une petite bouteille en plastique de vin de cuisson, et m'apostrophe avec un "reste pas plantée là, aide-moi". Je m'exécute en silence. Après 3 bières coup sur coup, ouvertes par mes soins, toujours en raison des tremblements qui se calment peu à peu, il redevient "normal", m'envoie un sourire désarmant de gentillesse au-dessus de son bol de café, "il fait beau, on va se balader ?" Je décline poliment, appelle un taxi pour rejoindre ma voiture, laissée en ville. Il ne semble avoir aucun souvenir de ce qui s'est passé cette nuit là, aurais-je fait un cauchemar ? Les meurtrissures de mes cuisses attestent du contraire.
Je ne sais pas comment conclure ce post épuisant, peut-être juste avec un "merci de m'avoir lue".
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