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Le 31 octobre 1918, disparaissait l’artiste autrichien Egon Schiele, figure emblématique de la vie culturelle viennoise. Pour fêter le centenaire tout proche de la mort du peintre, Vienne prévoit de mettre sur pied nombre d’événements, expositions et célébrations… mais c’était sans compter sur la pudibonderie des pays voisins ! En effet, des campagnes de publicité annonçant ces événements devant démarrer dans quelques mois ont tout bonnement été… censurées en Angleterre et en Allemagne !
L’année prochaine, on célèbrera les cent ans de la mort du peintre autrichien Egon Schiele. Cent ans que ses dessins et peintures aux corps torturés et exposés dans toute leur nudité fascinent, interrogent, surprennent, mais ne laissent jamais indifférent.
Et la chose s’est encore tout récemment vérifiée… Egon Schiele, tout comme son mentor Gustav Klimt, sont morts dans le courant de l’année 1918 : le premier à 28 ans, le second à 55. La même année marquant la fin de la Première Guerre mondiale et la chute de l’Empire Austro-Hongrois.
Aussi en 2018, les musées de Vienne vont-ils lancer une programmation culturelle riche pour fêter la disparition de ces deux grands maîtres du symbolisme et de l’art moderne. Les deux expositions-phares de cette programmation seront sans conteste « Stairway to Klimt » organisée au Kunsthistorisches Museum de Vienne à partir du 13 février 2018 ainsi que « Egon Schiele, Expression and Lyricism » qui ouvrira ses portes le 23 février 2018 au Leopold Museum.
Or, qui dit saison culturelle majeure, dit campagne de publicité conséquente, que ce soit en Autriche ou dans les pays étrangers. Malheureusement, il faut croire que l’art d’Egon Schiele continue de faire quelques remous, cent ans après la disparition prématurée du dessinateur. L’Office de Tourisme de Vienne avait prévu une vaste campagne d’affichages dans les espaces publics de Londres ainsi qu’en Allemagne, montrant plusieurs nus célèbres du dessinateur viennois.
Mauvaise pioche ! Le Royaume-Uni et l’Allemagne ont estimé que les corps noueux et les sexes dénudés des modèles de Schiele sont apparemment trop choquants pour le grand public. Les reproductions d’œuvres d’art, présentées dans les espaces publics (comme les abris de bus ou le métro) comme sur Facebook sont donc désormais affublées de bannières couvrant ces seins et ces pénis que l’on ne saurait voir…
Selon la porte-parole de l’Office de Tourisme de Vienne, Helena Hartlauer, les transports publics de la ville de Londres ont justifié cette censure en exprimant leurs réticences à l’idée d’exposer des parties génitales dans l’espace public ; et ce quand bien même ces sexes féminins et masculins ont été peints par un des plus grands personnages de l’art moderne il y a maintenant plus d’un siècle. Vous avez dit non-sens ?
Londres avait d’abord songé à « pixéliser » les attributs des modèles d’Egon Schiele; une proposition rejetée par le Leopold Museum, qui abrite dans ses collections les œuvres qui ont été utilisées pour la campagne de publicité (Modèle nu assis –autoportrait– exécuté en 1910 et Fille aux bas orange, réalisé en 1914, entre autre).
Il fut donc décidé de recouvrir les sexes de la discorde avec des bannières blanches et noires, ces bannières expliquant : « DÉSOLÉ, vieux de cent ans et pourtant encore trop osé pour aujourd’hui ! » Une censure donc, mais avec un peu d’humour, s’il vous plaît ! La pilule passera peut-être mieux désormais sous les abris-bus de Cologne, sur les façades des bâtiments d’Hambourg et dans le métro de Londres.
De son propre aveu, l’Office de Tourisme de Vienne s’est dit particulièrement surprise par cette pruderie inattendue de la part de l’Angleterre et de l’Allemagne. Néanmoins, l’Autriche fait contre mauvaise fortune bon cœur, espérant que cette pudeur excessive créera le « bad-buzz » sur les réseaux sociaux et permettra tout de même de faire connaître l’événement.
D’ailleurs, Vienne a d’ores et déjà lancé le hashtag #DerKunstihreFreiheit (ce qui nous donne en français « à chaque art sa liberté »), un slogan faisant écho au leitmotiv du mouvement artistique de la Sécession Viennoise : « À chaque âge son art, à chaque art sa liberté » (« Der Zeit ihre Kunst. Der Kunst ihre Freiheit »).
Il est cependant une leçon que l’on peut déjà tirer de cet événement : apparemment, il existe encore aujourd’hui, comme en 1918, quelques esprits très (trop) prompts à tirer à boulet rouge sur de l’art en préférant le qualifier de pornographie...