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Le sexe libertin est un art
Publié le dimanche 04 décembre 2011 à 11H00 - Vu 9 fois



Enchères. Dimanche 18 et lundi 19 décembre prochains, une collection unique de plus de 900 lots d'objets d'art érotique datant de l'Egypte ancienne jusqu'au début du siècle dernier, sera dispersée à Drouot. Objets de curiosité, cannes à transformation, boîtes à double fond, bronzes à surprises, livres à double lecture… l'imagination des créateurs sans nos tabous actuels, n'avaient pas de limites.

Une collection aussi importante d'objets érotiques à vendre, l'événement est rare. Il faudra deux jours à Alain Leroy, commissaire-priseur, pour disperser les quelque neuf cents lots réunis par un collectionneur amateur de libertinage, au cours de trente-cinq années de chine dans le monde entier. Loin de la pornographie, tous ces objets d'art au sujet érotique sont de véritables curiosités, révélant non seulement un rapport au sexe totalement libre et décomplexé depuis la préhistoire en passant par l'époque romaine, le Moyen-Âge et la Renaissance, mais aussi l'ingéniosité des artistes qui se sont souvent amusés à dissimuler leur véritable sujet, provoquant la surprise et suscitant la complicité. Le choix de ce collectionneur s'est porté tout spécialement sur ces objets à surprises, ces curiosités que l'on montrait et partageait en petit comité ou en toute intimité bien avant le cinéma ou la photographie. Le libertinage est un art qui dès la préhistoire a produit des représentations érotiques. Peintes, dessinées ou sculptées, on retrouve des scènes à caractère sexuel sur nombre d'objets de la vie quotidienne notamment dans l'Antiquité. L'art érotique n'est pas dissocié de la spiritualité et de la religion dans nombre de civilisations anciennes jusqu'à l'apparition de la pornographie, un concept victorien né à la fin du XIXe siècle qui interdit la possession, voire même le simple fait de regarder des scènes de sexe. C'est ainsi que les fameuses fresques pompéiennes, merveilles de l'art érotique romain, furent longtemps cachées au public comme certaines statuettes préhistoriques représentant des organes génitaux exagérés, symboles de virilité et de fertilité. On retrouve des scènes érotiques sur les enluminures médiévales et une longue tradition de peintures érotiques existe en Asie et notamment au Japon.
Des scènes érotiques dissimulées
La vente qui aura lieu à Drouot les 18 et 19 décembre concerne essentiellement des objets dont les plus vénérables datent de l'Égypte ancienne. Les plus récents et les plus drôles sont du XIXe siècle. Les représentations érotiques, pour la plupart des scènes de sexe ou des femmes nues dans des positions évocatrices, appartenaient au monde masculin. C'est pourquoi on les trouve sur des objets virils de la vie quotidienne comme les pommeaux de canne. Bien en vue ou cachés, on imagine qu'elles devaient circuler dans les clubs comme ces anamorphoses datées de 1891, roulées et dissimulées dans le fût d'une canne. Autres accessoires masculins, tout ce qui tourne autour du tabac, les étuis, les porte cigarettes, les fume-cigare ou les pipes. L'imagination des artistes est fertile. On avait l'habitude ainsi des objets qui semblent anodins mais qui ont un double sens, dès lors qu'on ouvre un manteau, qu'on retourne un personnage, qu'on ouvre un sac pour tomber sur un phallus. Beaucoup d'accessoires ont un double sens ou une face cachée : des drageoirs, des poudriers, des tabatières, des étuis à lunettes cachent des scènes follement érotiques. Plus directement explicites, ces statuettes en bois, en marbre, en ivoire ou en biscuit aux thèmes très osés.
La collection mise aux enchères comprend aussi vingt-cinq lots qui évoquent la vie dans les maisons closes. Des jetons de bordel, des peignes, les premiers préservatifs en boyau avec ruban de soie, et même une dague de défense appelée « pique couilles ». Très kitch, ces flacons à parfum en biscuit de la Belle Époque et très burlesque, ce Mussolini sodomisant Hitler en bakélite articulé… Il y en a vraiment pour tous les goûts et pour toutes les bourses : à partir de 50 euros pour une estimation totale de la vente entre 550.000 et 650.000 euros.
Françoise Kunzé

« Erotica, 35 ans de collection d'un amateur libertin », dimanche 18 décembre à 14h15 et lundi 19 décembre à 11h et à 14h15, Drouot Richelieu salle 11. Exposition samedi 17 décembre de 11h à 18h et dimanche 18 décembre de 11h à 12h.