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MessagePosté : sam. 21 juil. 2012, 08:08 
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Je viens de lire sur Rue 89, le témoignage d'une jeune femme de 24 ans. Celle-ci a subi quatre IVG. Non, ce n'est pas une irresponsable, juste une illustration qu'elle a joué d'une épouvantable malchance doublée du fait que ses contraceptifs n'étaient pas adaptés. Mais ce qui est intéressant dans cet article, c'est la façon dont le personnel médical prend en charge une femme en demande d'IVG, aujourd'hui en France. Et franchement, ça fait froid dans le dos !
Citation :
Certains médecins, qui acceptent de recevoir des femmes pour des IVG, leur mentent, les maltraitent, les humilient. Je ne dois qu’à moi d’avoir survécu à tout ça.

J’ai 24 ans et je vais subir ma quatrième IVG. C’est aussi dur à dire qu’à qu’écrire, tellement j’ai l’impression que je devrais avoir honte, tellement j’imagine quel jugement on peut porter sur cette situation.

En réalité, vivant à Paris, très bien informée, j’ai commencé mes relations sexuelles à 16 ans et je me suis toujours protégée. Lorsque j’avais une relation sérieuse, après tests, vu que je prenais la pilule, nous abandonnions le préservatif. Sinon, comme je m’amusais beaucoup à cette époque, je faisais gaffe.

Tomber enceinte en prenant la pilule, c’est possible ?
Delphine Hudry, gynécologue et spécialiste de l’IVG : « Etre enceinte sous pilule c’est rare, mais possible. C’est bien sûr l’occasion de changer de contraception, le risque dépend de chaque pilule (les taux d’hormones, le type d’hormone, etc) et de chaque femme. Ce risque est globalement très faible quand la pilule est prise correctement. » Renée Greusard


Je suis donc tombée enceinte trois fois avant mes 20 ans ; je n’avais pourtant oublié la pilule qu’une seule fois.

Comprenant enfin que je ne réagissais pas à la pilule, les médecins ont accepté de me prescrire un autre contraceptif, un anneau vaginal, qui a bien fonctionné ces cinq dernières années.

Puis un oubli, et malgré la pilule du lendemain, je me retrouve encore à prendre rendez-vous à l’hôpital.

Grâce à des médecins bienveillants, des choix bien réfléchis, et le soutien de mes proches, je ne vis pas dans la culpabilité, mais le comportement de certains praticiens aurait pu me conduire à une vraie dépression si je n’avais pas été aussi forte.
Des femmes enceintes rayonnantes dans la salle d’attente

L’« ultrafertilité » existe-t-elle ?

Delphine Hudry : « Le concept d’ultrafertilité n’existe pas pour le corps médical en tant que tel. Etre enceinte quand on oublie la pilule une fois, c’est possible, et parfois à chaque fois qu’on l’oublie. Ce n’est pas de l’hyperfertilité, c’est l’effet biologique normal. »

Elle ajoute cependant : « Que certaines femmes soient plus “fertiles” que d’autres c’est certain, il y a une variabilité entre les individus. Certaines femmes ont des “problèmes” de fertilité parce qu’elles fument et que leurs trompes fonctionnent moins bien, parce que des salpingites [inflammation des trompes, ndlr] mal soignées ont abîmé leurs trompes, ou encore parce qu’elles ont une malformation de l’appareil génital, etc, etc. » R.G.


2005. J’ai 17 ans, je suis en terminale. J’oublie une pilule dans le mois, je tombe enceinte. Mon copain de l’époque, que je connaissais depuis longtemps pourtant, avec lequel j’ai vécu mon premier vrai amour, ne me l’a jamais pardonné.

Il l’a pris comme une trahison. J’ai entamé le protocole pour avorter en tant que mineure sans consentement des parents, non pas parce que je ne voulais pas en parler à ma mère dont je suis très proche, mais parce que je souhaitais la tenir à distance de cette situation, que j’avais besoin de vivre seule. D’ailleurs, elle l’a su, et c’est ma grande sœur qui est venue signer le consentement d’une personne majeure – je ne me rappelle plus exactement du terme.

Je suis allée dans un très bon service hospitalier dans le XIIIe arrondissement de Paris, dont c’est la spécialité. Et j’ai dû passer beaucoup plus d’examens et de rendez-vous qu’en tant que majeure, ce qui me paraît normal mais qui a fait durer la situation plus d’un mois et demi entre le moment où j’ai appris que j’étais enceinte et l’IVG.

Je me suis retrouvée dans ce service où on fait attendre des heures aux côtés d’autres femmes enceintes, rayonnantes, qui entament la discussion et demandent : « Pour quand c’est ? »

On ne répond rien.
« Avez-vous une attirance pour la mort ? »

J’ai subi une échographie vaginale, sans que le praticien prenne la peine de mettre du lubrifiant, et j’ai osé pousser un cri alors qu’il m’enfonçait cette sorte de godemichet en plastique. Il m’a dit : « C’est bien comme ça que ça vous est arrivé en même temps, non ? »

Je n’ai rien dit non plus.

Enfin, le fameux entretien psy réservé aux mineures. Je suis suivie depuis des années et j’ai l’habitude de m’entretenir avec un thérapeute. Mais cet entretien est légalement destiné à vérifier si la jeune fille a conscience de son choix, si cette décision n’est pas prise sous la pression d’un tiers, si elle va pouvoir le surmonter sans regret.

Mon entretien a exclusivement porté sur le rapport à la mort. En commençant par cette question : « Avez-vous une attirance particulière pour la mort ? » J’ai trouvé cela tellement stupide, tellement dingue d’envisager que j’étais tombée enceinte volontairement pour pouvoir tuer mon futur bébé, que j’ai laissé passer, et cette psychologue a dû en tirer ces propres conclusions.

Quant à l’intervention, j’ai été très bien prise en charge, mais ça a été un long parcours du combattant l’année de mon bac. Comment je n’ai pas craqué ? Le rire. Ces personnes dont le métier est d’assister des mineures à subir un avortement avaient des comportements tellement surréalistes que je me suis accrochée dur comme fer à mon précieux cynisme, ma capacité de recul et mon sens de l’humour.
« Félicitations, vous allez être maman »

2006. Un an plus tard, sans oubli de pilule cette fois, je tombe enceinte. J’avais une relation suivie mais avec quelqu’un de bien plus âgé et je ne lui ai rien dit. Cette fois-ci, étant majeure, je suis directement allée voir mon gynécologue qui m’a conseillée une IVG médicamenteuse.

Je suis allée faire une échographie de datation. Là, allongée, à moitié nue les pieds dans ce qui porte décidément ce terme délicat d’« étriers », la dame m’a assurée que j’avais dépassé le terme légal pour une IVG, puis a conclu :

« Félicitations, vous allez être maman. »

Bien sûr, elle savait que je ne voulais pas avoir d’enfant à ce moment-là. Elle m’a demandé d’aller attendre de récupérer mes résultats à côté. J’ai patienté 1h45, à essayer de réaliser ce qui allait se passer. Peut-être qu’une autre fille que moi serait alors sortie sur le boulevard, là dehors, et aurait attendu de se faire percuter ; je le sais parce que j’y ai pensé.

Mais finalement, on m’a rendu mes résultats, et non, tout allait bien, j’étais à six semaines de grossesse. J’ai compris qu’on avait voulu me faire peur, me punir, et je n’ai jamais été aussi enragée.

J’ai pu faire mon IVG médicamenteuse. Je n’ai jamais souffert autant le martyr : j’ai vomi le deuxième cachet, j’ai dû le reprendre, j’ai fait 41°C de fièvre. La douleur était telle que j’ai cherché des objets tranchants, à un moment, pour mettre fin à tout ça ; heureusement, ma mère était présente.

Mon gynéco m’avait dit que je n’avais le droit à aucun antalgique, ce qui était faux, je l’ai appris plus tard. Pire encore : je n’ai « expulsé » le fœtus que deux semaines plus tard, un mardi après-midi, dans les toilettes de ma fac.

Enfin, lorsque j’ai reporté de deux jours ma visite de contrôle pour cause de partiels, le gynécologue en question a totalement pété les plombs, a dit que je ne pouvais pas lui faire ça, qu’il s’était comporté « comme un père pour moi ». J’ai compris qu’il était fou, je ne l’ai jamais rappelé malgré des dizaines de messages insensés.
Rires et chansons en fond sonore

2007. Six mois plus tard, l’impensable : je suis retombée enceinte.

Comme je n’avais jamais repris contact avec mon gynéco, j’avais gardé la même pilule. Je ne l’ai pas oubliée une seule fois. Cela peut paraître irresponsable, mais on n’imagine pas que cela puisse se produire encore une fois. Et puis on rencontre quelqu’un, on met des préservatifs, et un soir, on se dit qu’on a la pilule…

Chez moi, vous l’aurez compris, ça ne rate pas.

J’ai choisi une IVG par voie instrumentale, comme la première fois, et je suis allée dans un autre hôpital parisien.

Je me suis présentée un matin à 8 heures pour l’intervention, et j’ai attendu dans une pièce gelée, en peignoir, pendant des heures. En fait, dans ce service en ambulatoire – terme tout trouvé –, les patients étaient convoqués à la même heure et passaient à la file. En bruit de fond : la radio Rires et chansons. Je vous jure, le paradis du glauque. On se serait cru au purgatoire.

Hommes et femmes réunis, congelés, en peignoirs, nous nous sommes regardés pendant des heures, se demandant ce que les uns et les autres attendaient comme opération (je me rappelle m’être surtout posée la question pour les hommes, alors que le regard des femmes, le même que le mien, ne laissait aucun doute).
L’infirmière m’a giflée pour me réveiller

On m’a appelée, puis l’opération s’est bien passée, sauf qu’en sortant du bloc, en salle de réanimation, l’infirmière m’a giflée. A l’ancienne, pour me sortir de mon anesthésie générale.

Elle ne devait pourtant pas avoir 30 ans, puis elle m’a engueulée pour que je libère la place le plus rapidement possible. Soit.

Là, enfin, j’ai trouvé une gynécologue qui m’a prescrit une autre contraception, et pendant cinq ans, j’ai mené une vie sexuelle sans la terreur de tomber encore une fois enceinte.

2012. Ce mois-ci, alors que je viens de terminer mes études, j’ai décidé bêtement de faire une pause d’un mois côté contraception, vu que je n’ai quasiment aucun rapport depuis deux ans, que j’ai un petit dérèglement hormonal et que ma contraception n’aide pas – j’ai toujours très mal aux seins par exemple.

Et j’ai rencontré quelqu’un, il y a eu un accident de préservatif, puis la pilule du lendemain. Mais je crois que je suis fabriquée pour tomber enceinte, et me voilà à la Pitié-Salpetrière, au planning familial, pour une énième consultation pour IVG. Je cite seulement ce service parce que c’est la première fois que je suis reçue avec bienveillance et sans culpabilisation.

Je raconte mon histoire, je suis prise en charge rapidement, et je vais faire une échographie « en ville ».

C’était mardi 17 juillet, et c’est la raison de ce témoignage.
Un mensonge médical

La praticienne m’a fait une échographie vaginale et voici ce qu’elle m’a dit :

« Ah…Vous avez la vessie pleine, en voilà une drôle d’idée ! »

Oui, je suis enceinte, j’ai la vessie pleine en permanence, OK. Puis :

« Mais vous avez des morceaux d’embryons complètement explosés… Ce n’est pas viable ! »

Je me suis permise de demander une traduction et ce que je devais faire. Elle m’a dit qu’il fallait que j’annule ma consultation pour l’IVG, et que ça allait descendre, que j’allais faire une fausse couche bientôt, peut-être dans un mois, mais qu’il était certain que cette grossesse n’était de toute façon pas évolutive.

J’ai appelé le cabinet de ma gynécologue qui, au regard des conclusions de l’échographie, m’a conseillé la même chose, mais de vérifier dans une dizaine de jours.

Là, j’ai été terrifiée de savoir que je pouvais faire une fausse couche d’un instant à l’autre, seule chez moi, ou au milieu de mes vacances entre amis, à la plage tant qu’on y est, et j’ai gardé mon rendez-vous pour la consultation à la Salpetrière.

Le médecin hospitalier m’a refait faire une échographie, parce qu’il avait un doute sur mes résultats. Puis il n’a plus douté : l’embryon est totalement viable et ma grossesse évolutive. Selon mon choix, il me faut bien subir une IVG.

Je lui ai raconté mon entretien durant l’échographie, et c’est là que j’ai compris que j’étais tombée sur une femme qui était contre l’avortement et qui m’avait induite en erreur pour que j’annule mes consultations et que j’attende chez moi, que j’attende très certainement de dépasser le terme légal de trois mois pour avorter.

J’ai eu la présence d’esprit d’aller vérifier ses dires, et de pouvoir faire le choix de mettre un terme à ma grossesse. Je vais même me faire poser un stérilet pendant l’intervention, la semaine prochaine.

Un jour, cette « ultrafertilité » me comblera

« Trouver la contraception qui lui convient à elle »

Delphine Hudry dit avoir été « choquée » par le témoignage d’Angélique F. : « L’important, c’est que chaque femme comprenne vraiment les mécanismes de la contraception pour trouver la contraception qui lui convient à elle, et non pas celle qu’on lui prescrit. Certaines paroles sont particulièrement inadaptées et c’est regrettable. Mais le manque de dialogue et de véritable compréhension qui paraissent sous-jacents sont bien plus graves.

Je souhaite que chaque femme puisse trouver le professionnel qui lui convienne, pour améliorer un dialogue dans lequel il est possible de trouver SA contraception à chaque moment de sa vie sans culpabilisation inutile... » R.G.


J’ai 24 ans, je souhaite plus que tout fonder une famille un jour, être heureuse, avoir des enfants avec un compagnon qui les désire autant. Quand j’aurai un métier, quand on sera sûr. Mais je ne suis pas prête.

Je ne suis pas indépendante, je vis une relation toute récente. J’ai subi des attouchements sexuels étant jeune et j’ai besoin de régler des choses avant, d’être parfaitement sûre de mon choix, de pouvoir l’assumer.

C’est d’ailleurs le droit que me donne la loi, de disposer de mon corps. Evidemment, je me fais l’effet d’une poule pondeuse et ça me fait honte parfois, mais un jour, cette « ultrafertilité » me comblera.

Ce qui est indécent, en revanche, c’est le comportement de certains médecins, qui acceptent de recevoir des femmes pour des IVG mais qui leur mentent, les maltraitent, les humilient.

Je ne dois qu’à moi d’avoir survécu à tout ça, et de tenir le coup encore aujourd’hui. Mais qu’en est-il de ces filles de mon âge, ou moins, que je croise dans ces salles d’attente, les larmes aux yeux ?
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_________________
Isa
Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne (Chamfort)


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