« C’est l’espace qui a décidé l’artiste. Il m’a dit n’avoir jamais montré ses dix-huit Frauen ensemble et l’espace du Castello di Rivoli, tout en longueur, fait 6m par 150m. La Villa Paloma est en elle-même une architecture très intéressante. C’est comme un modèle réduit dans lequel l’espace raconte très bien le travail que Thomas Schüte a fait sur les maquettes d’architecture, » confie Andrea Bellini.

Au Castello di Rivoli s’est construit une grande perspective sur ces sculptures de femmes. Les commissaires ont enlevé les rideaux, et les sculptures dans le jardin dialoguent ainsi avec celle qui sont exposées à l’intérieur du musée.
Déclinaisons de corps féminins, de matériaux également, du bronze à la pierre, ces sculptures dénotent d’un jeu plastique singulier sur la forme, de la plus schématique à la plus complexe, suivant les envies de l’artiste. « Ce sont des autoportraits, il me semble, » explique Andrea Bellini.

Thomas Schütte a-t-il projeté ses désirs, ses visions intimes du corps, érotiques, idéales aussi ? Est-ce ainsi alors que ces sculptures incarnent la féminité, et sa propre sexualité ? L’on pense à des déesses, car certaines évoquent des statues sorties tout droit de fouilles archéologiques, quand d’autres sont simplement sublimées par les matériaux utilisés et leurs formes voluptueuses. « Un très bel hommage à la tradition du nu féminin à partir de l’art grec, » confie aussi Andrea Bellini.
Et les hommes ? Les Ennemis unis montrent deux sculptures de deux hommes ligotés l’un à l’autre par une corde, amputés des deux jambes et enveloppés dans une couverture. L’un a un visage de satire qui tire la langue, l’autre a le regard au loin. Ces personnages bicéphales sont résolument profanes : l’artiste fait à la fois référence à la guerre, et parmi cette colonie de femmes, toutes belles et charnelles, il semble aussi faire référence aux monstres de la jalousie qui déchire ces deux hommes, comme une véritable allégorie.