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MessagePosté : lun. 06 août 2012, 15:52 
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Mémoires d’une transsexuelle – La Belle au moi dormant de Marie Edith Cypris, préface de Christophe Dejours (PUF), 336 pages, 26 €, à paraître le 29 août. Un témoignage touchant et érudit qui interroge le genre et la condition transsexuelle.
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Citation :
Autant prévenir d’emblée les amateurs de l’irremplaçable Droit de savoir et de Confessions intimes qui saliveraient à la seule mention du titre : aucune virée dans les nuits chaudes du bois de Boulogne, ni misérabilisme racoleur dans ces Mémoires d’une transsexuelle publiées aux respectables Presses universitaires de France. Pour autant, il ne s’agit pas non plus d’une thèse jargonneuse, mais du récit violent, à la fois brut et érudit, d’une vie qui interroge à chaque page la condition transsexuelle.

L’auteur, homme devenu femme, DJ reconvertie en aide-soignante, raconte par le menu son “itinéraire d’un enfant raté”, le parcours de combattante qu’il lui a fallu mener pour se sentir enfin en harmonie avec sa véritable identité sexuelle, après avoir souffert pendant des années d’une inadéquation totale avec son sexe :

“Mon autodiagnostic s’est motivé pour l’essentiel par ce qui conduit à chauffer à blanc le besoin impérieux de changer de sexe : la détestation d’être un homme et le désir d’être une femme.”

Dès l’école, celle qui se prénomme encore Marc observe les filles avec un intérêt singulier “non parce que se formait du désir sexuel envers elles, mais parce que je les convoitais dans ce qu’elles étaient”. Mal aimé, mal dans sa peau, Marc fugue, se retrouve placé dans des familles d’accueil, devient apprenti boulanger et, à la faveur de ses horaires décalés, découvre le monde de la nuit, les travestis des cabarets, mais aussi les transsexuelles. Une révélation qui le conduit à tout mettre en oeuvre pour sa conversion.

Une fois le protocole médical enclenché, il faudra sept longues années pour que la transformation puisse être opérée et pour que Marc devienne Marie, une femme ou “à peu près”. Mais comme elle l’écrit, “le bien-être omniprésent d’être à peu près vaut mieux que l’insoutenable n’être rien”.

Marie Edith Cypris dit avec justesse et souvent pas mal d’autodérision, voire de provoc, la solitude mortifère dans laquelle elle vit son transsexualisme, prise en étau entre la rigidité des discours universitaires d’un côté et les représentations tout aussi normatives, selon elle, véhiculées par les associations trans dont elle dénonce une forme de sectarisme. Elle interroge aussi, tout au long de son texte, la notion de genre, le rapport entre identité sexuelle et identité sociale. Pour elle, “changer de genre, c’est changer de place sociale et professionnelle”. Passée de l’autre côté, elle subit ainsi de plein fouet la domination masculine.

Malgré une surabondance de jeux de mots pseudo-lacaniens un peu usante, le témoignage de Marie Edith Cypris constitue un document intéressant et poignant sur un sujet souvent caricaturé ou réduit au sensationnalisme. Dommage cependant qu’elle s’enlise à son tour, à la fin du livre, dans des considérations relativement obtuses sur le transgenrisme, construction d’une identité hybride, qu’elle considère comme un caprice de fashion-victims. Comme si elle-même se laissait rattraper par les injonctions normatives qu’elle a contestées sur plus de 300 pages.


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MessagePosté : lun. 06 août 2012, 21:03 
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Enregistré le : ven. 03 août 2012, 11:15
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:clap: et bien j'espère que cet ouvrage aura le succès qu'il mérite, car j'ai un ami qui vit le syndrome de benjamin et je peux vous assurer que c'est difficile de faire sa place....

je ne manquerais pas de me l'acheter afin de m'instruire sur le sujet...


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