vassilia.net

Le seul Forum francophone consacré à toutes les sexualités alternatives !

Découvrez nos récits

Nous sommes le jeu. 28 mars 2024, 12:51

Heures au format UTC+01:00




Poster un nouveau sujet  Répondre au sujet  [ 3 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté : lun. 26 mars 2012, 22:22 
Hors ligne
Expert
Avatar du membre

Enregistré le : mar. 30 nov. 2010, 21:48
Messages : 386
Citation :
Dans son dernier ouvrage, l'historienne Yvonne Knibiehler cherche à comprendre les transformations de la "Virginité féminine". Interview.

Ce fut d'abord une interrogation. Pourquoi, au XXIe siècle voit-on se multiplier les hyménoplasties en milieu musulman ? Pourquoi ce retour aux "vierges consacrées" dans les pays catholiques ? Comment expliquer le succès du mouvement "No Sex" aux États-Unis ? Pourquoi enfin la virginité des femmes, dont on attendrait qu'elle eût perdu toute signification en Occident, continue-t-elle de revêtir une telle importance ? L'historienne et féministe Yvonne Knibiehler consacre à la question un livre, le premier du genre. Elle y émet, explique-t-elle, des hypothèses prudentes... mais à coup sûr éclairantes.

Le Point.fr : Vous montrez que pendant des siècles la virginité féminine n'a pas eu de définition anatomique. Quel sens lui a-t-on d'abord donné ?
  • Yvonne Knibiehler : On a en effet douté très longtemps de l'existence d'un "hymen". Et j'ai été frappée justement par l'importance symbolique de la virginité, notamment chez les Grecs. Dans l'Olympe, la parité existe : il y a six dieux et six déesses. Mais trois d'entre elles sont vierges, le proclament et veulent le rester. Chacune, en outre, porte un message : Athéna protège la cité ; Artémis, les jeunes ; Hestia, le feu symbole de pureté. Les Grecs savent la puissance de la sexualité mais signalent, avec ces trois déesses, qu'elle est indésirable en certains lieux et certains moments.
Quand l'idée de "défloration" apparaît-elle, et quel sens faut-il lui donner ?
  • Elle exprime, je crois, le désir masculin de posséder le corps de la femme, qui doit être marqué par la pénétration. On voit apparaître les linges tachés de sang dans la religion hébraïque. L'homme devait épouser une vierge afin de transmettre son sang et constituer une lignée. Pour preuve de cette virginité, la mère de l'épousée apportait un linge taché du sang de ses dernières règles. Dans le Deutéronome XXII cependant, il se trouve un homme qui, malgré cette preuve, dit n'avoir pas trouvé sa femme vierge : lorsqu'il l'a déflorée, explique-t-il, elle n'a rien dit, et n'a pas saigné. Le sang change alors de signification : on ne montre plus le linge taché avant, mais après la noce. Et la cérémonie, reprise par l'islam, prend une importance symbolique considérable.
Vous distinguez des sens pluriels de la virginité dans les différentes religions du Livre.
  • Chez les hébreux prime la question généalogique : la virginité assure la pureté de la lignée. Le christianisme, en revanche, bouleverse la notion : elle n'est plus un état du corps, mais une vertu morale. Créé à l'image de Dieu, l'homme doit, pour être fidèle à cette vocation, faire en lui triompher l'esprit sur la "chair" : le corps désirant, sexué, qui tire l'homme vers l'animalité.
Comment ce message est-il reçu ?
  • Dans ces sociétés gréco-latines, le père marie sa fille et ne lui demande pas son avis. Entendre louer la virginité, c'est, pour les femmes, être autorisée à ne pas se marier : éviter le poids du mâle et les risques de la parturition. Beaucoup de femmes s'y précipitent, en demandant l'une à rester vierge, l'autre à ne pas se remarier après un veuvage... Or cette forme d'émancipation inquiète les hommes et les Pères de l'Église, qui demandent en conséquence aux femmes de se considérer comme les épouses du Christ. Elles restent placées ainsi sous l'autorité d'un "mari", et des hommes d'Église qui le représentent sur terre.
En quoi le XVIIIe siècle bouleverse-t-il la notion ?
  • La philosophie des Lumières met entre parenthèses Dieu, la croyance, le sacré pour porter un regard positif sur la nature et le corps. La médecine et la médecine légale cherchent ainsi à connaître l'anatomie féminine : on essaie, entre autres, de répondre aux plaintes pour viol en essayant de discerner la défloration, la violence, etc. Les médecins, retrouvant un savoir que les sages-femmes avaient toujours revendiqué, constatent que le vagin d'une vierge est plus étroit, et comprend parfois une membrane. Le regard sur la virginité féminine se transforme peu à peu.
À l'égard de ces progrès, le traitement réservé à la jeune fille du XIXe est une régression ?
  • En France, la culture des hommes et celle des femmes se séparent. Après la Révolution, beaucoup d'hommes mettent de côté les croyances chrétiennes, tout en continuant d'y soumettre le sexe faible. S'impose un obscurantisme dans l'éducation des filles : il ne faut pas qu'elles sachent ce qu'est la défloration, ni qu'elles connaissent leur corps. La masturbation, qu'on ne condamnait pas auparavant, est interdite. Une jeune fille ne doit jamais poser sa chemise, même pendant sa toilette, et doit fermer les yeux quand elle en change ; la toilette intime est considérée comme du libertinage. On ne parle plus de pudeur, mais d'une "innocence", qui n'est rien d'autre que de l'ignorance. On parle des jeunes filles comme de colombes immaculées, elles deviennent des oies blanches.
Où en est-on aujourd'hui ?
  • Une jeune fille peut, si elle le souhaite, connaître parfaitement son corps. À partir de la IIIe République, l'éducation des filles fait de grands progrès. D'autant qu'il s'agit aussi de lutter contre les maladies vénériennes, et pour cela d'instruire les filles des réalités de la sexualité. Plus tard, la révolution sexuelle et la contraception ont renversé les anciennes bornes. L'éducation sexuelle a eu du mal à prendre dans les collèges en France, mais fait également des progrès et prospère dans d'autres pays...
Comment se mène-t-elle ailleurs ?
  • Aux Pays-Bas, et dans tout le nord de l'Europe, elle commence à la maternelle : dès que les enfants s'aperçoivent qu'il existe deux sexes ils éprouvent une curiosité réciproque, et posent des questions. On leur répond, avec de petits films, et en leur expliquant que la différence des sexes sert à faire des bébés, même si cela n'est pas obligé. Ces explications, on les réitère en primaire, au secondaire. Aux Pays-Bas, quand un enfant arrive à la puberté, il sait tout. Or ce pays est aussi celui qui a le taux d'avortement le plus bas du monde.
Constatez-vous aujourd'hui un retour à une sacralisation de la virginité ?
  • Parmi les chrétiennes existe un retour très curieux aux "vierges consacrées". Ce statut existait il y a des siècles mais avait disparu. Durant le Concile Vatican II des femmes ont demandé à ce que l'Église permette de nouveau ce statut : elles font connaître leur désir de consécration, mais vivent ensuite comme elles le souhaitent, et exercent n'importe quel métier. Leur nombre tend aujourd'hui à augmenter, notamment dans les ex-Républiques soviétiques et en Amérique latine. Cela semble une virginité plus conforme au désir d'émancipation des femmes.
Vous parlez également de l'importance des hyménoplasties.
  • Il y a quelques années, dans les cliniques parisiennes, on faisait 5 ou 6 de ses opérations par an. Maintenant, on en fait 4 à 6 par semaine ! Pour des filles de culture musulmane qui pour se moderniser ou se conformer aux moeurs occidentales ont perdu leur virginité et sont parfois très déçues, il s'agit de se réconcilier avec leur environnement familial, de repartir à zéro en faisant réparer leur hymen. Je crois que c'est l'explication profonde de cette opération qui pourrait paraître presque fétichiste.
Comment analysez-vous ces différentes pratiques ?
  • Elles montrent surtout que la virginité peut avoir des significations très diverses, et toujours importantes. On a tendance à croire qu'elle n'a plus de sens pour nous. C'est faux. Le corps des femmes continue de porter symbole.
Y a-t-il toujours là un terrain de lutte pour le féminisme ?
  • Je pense que le féminisme doit toujours pouvoir accueillir des problématiques nouvelles. Il est à mes yeux l'autre face, trop longtemps cachée, de l'humanisme. Je m'explique : l'humanisme est une doctrine qui prend pour objectif l'épanouissement de l'être humain. Son oeuvre n'est donc par définition jamais terminée, puisque les changements économiques et sociaux font constamment réapparaître des inégalités et des injustices entre les hommes, qu'il faudra sans cesser veiller à combattre. Le féminisme bute sur le même obstacle : les changements économiques et sociaux font sans cesse renaître les différences et les inégalités entre les hommes et les femmes. Donc le féminisme n'aura jamais gagné la partie.
Yvonne Knibiehler, La virginité féminine, Mythes, fantasmes, émancipation. Éd. Odile Jacob. 216 pages, 23,90 euros.

http://www.lepoint.fr/culture/la-virgin ... 4692_3.php" onclick="window.open(this.href);return false;


Haut
   
MessagePosté : lun. 26 mars 2012, 23:52 
Hors ligne
Membre Éloquent
Membre Éloquent
Avatar du membre

Enregistré le : dim. 05 déc. 2010, 22:28
Messages : 4133
Sexe et orientation sexuelle : bi? pas bi? allez savoir...
Localisation : 4 lieues à l'est
Citation :
Constatez-vous aujourd'hui un retour à une sacralisation de la virginité ?

Parmi les chrétiennes existe un retour très curieux aux "vierges consacrées". Ce statut existait il y a des siècles mais avait disparu. Durant le Concile Vatican II des femmes ont demandé à ce que l'Église permette de nouveau ce statut : elles font connaître leur désir de consécration, mais vivent ensuite comme elles le souhaitent, et exercent n'importe quel métier. Leur nombre tend aujourd'hui à augmenter, notamment dans les ex-Républiques soviétiques et en Amérique latine. Cela semble une virginité plus conforme au désir d'émancipation des femmes.
J'ignorais tout de cela.
Une des raisons pourrait-elle être le désir au travers de cette consécration d'être débarrassé des hommes un peu comme c'est décrit en dessous
Citation :
Comment ce message est-il reçu ?

Dans ces sociétés gréco-latines, le père marie sa fille et ne lui demande pas son avis. Entendre louer la virginité, c'est, pour les femmes, être autorisée à ne pas se marier : éviter le poids du mâle et les risques de la parturition. Beaucoup de femmes s'y précipitent, en demandant l'une à rester vierge, l'autre à ne pas se remarier après un veuvage...

_________________
La plupart des gens sont heureux pour autant qu'ils aient décidé de l'être
Abraham Lincoln

alors qu'est ce qu'on attend ? :D


Haut
   
MessagePosté : mer. 28 mars 2012, 18:26 
Hors ligne
Expert
Avatar du membre

Enregistré le : mar. 30 nov. 2010, 21:48
Messages : 386
Citation :
Les jeux vidéo sont-ils les meilleurs amis des conservateurs américains ? A priori, non. Les plus violents se retrouvent régulièrement attaqués et critiqués, accusés de pervertir notre belle jeunesse. Mais il y a un point sur lequel les politiques et l'industrie vidéoludique pourraient s'entendre: la sexualité, ou, plutôt, son absence. Les premiers ne voulant pas du sexe, la seconde occupant les enfants à autre chose.
Image

L'article intégral : http://next.liberation.fr/sexe/01012398 ... os-enfants" onclick="window.open(this.href);return false;


Haut
   
Afficher les messages postés depuis :  Trier par  
Poster un nouveau sujet  Répondre au sujet  [ 3 messages ] 

Heures au format UTC+01:00


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 1 invité


Actions rapides de modération :
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas modifier vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages
Vous ne pouvez pas joindre des fichiers

Aller à :  
Développé par phpBB® Forum Software © phpBB Limited
Traduit par phpBB-fr.com